L'histoire :
Jadis, la culture de la perle assurait la prospérité du petit royaume du Qatar. Des plongeurs courageux, embarqués sur des boutres, allaient récolter les huîtres entre juin et octobre au large de la péninsule située dans le golfe persique. On triait alors les perles en fonction de leur lustre – la brillance de leur gemme – ou de de l’orient – les iridescences fugaces qui apparaissent lorsqu’on fait tourner la sphère. Hélas pour cette économie lucrative, à la fin du XIXème siècle, un japonais inventait une technique pour développer des huîtres perlières de culture… Et l’industrie de la perle au Qatar fut durablement mise à mal. La péninsule qatarie allait toutefois se trouver bientôt une autre manne économique pour assurer son indécente prospérité : la plus importante nappe gazière du monde. Mais avant cela, revenons sur l’origine de l’indépendance de ce petit pays, qui était au XIXème siècle disputée entre l’empire ottoman (dont la domination s’étendait tout au long de la côte arabique du golfe persique) et l’empire britannique (qui colonisait progressivement la côte Sud en remontant du golfe d’Oman. Entre 1820 et 1860, les britanniques instaurent un protectorat au Bahreïn, une petite île, grâce à des traités de paix successifs avec la famille régnante, les Al Khalifa. Le Qatar n’est alors qu’une province quasi déserte soumise à l’autorité bahreïnie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Puisque la coupe du monde de football 2022 est imminente et qu’elle se déroulera – de manière pour le moins controversée – au Qatar, intéressons-nous à ce « petit » pays du golfe persique, à sa réussite économique, à son rayonnement politique et à son soft-power diplomatique. Comment ce peuple habitant un morceau de désert a-t-il réussi à édifier autant de gratte-ciels modernes, de quartiers et monuments aux architectures novatrices, à organiser des évènements sportifs et culturels de rayonnement mondial sur son territoire, tout en conservant tout de même les archaïsmes sociaux liés à sa religion ? Emmanuel Picq et Victor Valentini ouvrent différents chapitres de vulgarisation géostratégique, selon un axe d’apparence factuelle, se gardant de toutes critique frontalement polémique, mais sans gommer non plus les scandales (le financement des terroristes, les milliers de morts pour construire les stades de la coupe du monde, le sombre record des émissions de CO² par habitant…), le tout illustré agréablement mais platement, sans réelle narration. Emmanuel Picq dessine beaucoup à partir de clichés photos, alternant cartographies, vues d’ensemble sur les quartiers de la ville et palabres entre responsables politiques. Ce focus politique et économique sur le Qatar s’accompagne logiquement d’un historique plus large sur les équilibres stratégiques de toute la péninsule arabique. Et même si le récitatif est parfois décousu ou maladroit dans son exposé, on apprend tout de même beaucoup sur le développement de cette zone du monde assez méconnue sous nos latitudes.
