L'histoire :
Un jour pluvieux de janvier 2022, Marion rend visite à Mylaine. Elle veut lui poser des questions, l'entendre raconter son témoignage, la vie qu'elle a vécue lors de la Seconde Guerre Mondiale. Elle sait qu'elle a été séparée de sa famille, de sa sœur, alors qu'elle était une jeune femme, et qu'elle n'a pas vécu les choses de la même manière que Lisou. Marion rentre chez sa tante Mylaine, et s'attable pour prendre le thé. Elle demande la permission d'enregistrer leurs échanges. Mylaine accepte et commence à évoquer le fait qu'elle aimerait que les jeunes d'aujourd'hui puissent entendre que cette période de l'Histoire a existé, qu'elle y était... En disant cela, elle fait tomber sa tasse de café. Marion lui propose de repasser plus tard, si ce n'est pas le moment, si elle ne se sent pas en capacité de parler. Mais Mylaine veut livrer son témoignage, cela fait trop longtemps : elle va y arriver. Alors elle commence à raconter. Les premières années de la guerre ont été assez compliquées, leur famille se déplaçait sans cesse. Elle a passé le bac en 1939, l'année de la déclaration de la guerre. A l'âge de 20 ans, elle se fiance à Robert. Mais la situation devient de plus en plus tendue pour les juifs, et la famille de Mylaine décide d'aller se cacher dans les montagnes à Sarcenas, sous une fausse identité. Ils vivent coupés du monde, préservés de la guerre qui sévit, mais ils obtiennent tout de même des informations du monde extérieur, grâce au courrier. Un jour, Lisou, encore enfant, reste seule avec Mylaine à la maison alors que leurs parents sont partis raccompagner le facteur jusqu'à l'autocar. Quelqu'un frappe à la porte. Lisou se cache, Mylaine ouvre la porte. Les allemands recherchent M. Veil, le père de Mylaine. Elle les oriente vers une fausse piste, une maison en contrebas. Elle sait qu'elle a peu de temps, qu'ils vont revenir. Elle demande à Lisou de fuir et de prévenir leurs parents. Elle brûle tous les papiers avec sa véritable identité. Et comme elle le pensait, ils reviennent. Et ils l'embarquent.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier tome centré sur le personnage de Lisou, la sœur de Mylaine qui a échappé à une rafle, ce second volume s'intéresse à l'autre sœur, qui n'a pas eu cette chance, et qui a été déportée dans les camps. Elle est jeune, encore innocente, et ne s'attend absolument pas à l'horreur qui l'attend. Comment le pourrait-elle ? La scénariste Marion Achard met en scène sous forme de bande dessinée, le témoignage de sa tante Mylaine, pour garder une trace de cette histoire, pour ne pas oublier. Dans ce volume, nous découvrons Marion et Mylaine au présent, lors de leur entretien. Et lorsque Mylaine commence à évoquer ses souvenirs, nous basculons avec elle dans cette sombre période de l'Histoire. Une nouvelle fois, le dessinateur Toni Galmés insuffle un vent de douceur dans ce récit très dur. Ses illustrations à l'aquarelle soulignent toute l'humanité qui continue de vivre en chaque personnage, en particulier dans le cœur de Mylaine. Il laisse planer un espoir de voir venir des jours meilleurs. Toutefois, si dans le premier tome, Lisou était quelque peu préservée, ici, Mylaine voit, ressent, entend l'horreur des camps. Certaines images reflètent ces atrocités, même si le public jeunesse qui s'intéresse à cette période peut tout à fait lire l'album. Le témoignage ne passe pas sous silence les conditions de vie précaires et insalubres, le travail forcé, les vies ôtées : il nous confronte à notre Histoire. C'est un témoignage aussi bouleversant qu'émouvant, mais surtout, c'est un récit nécessaire. La scénariste et le dessinateur font un travail remarquable d'adaptation d'un témoignage, un devoir de Mémoire. Le diptyque relate la séparation d'une famille et les destins différents que deux sœurs ont pu suivre en pleine Seconde Guerre Mondiale.
