L'histoire :
Ukraine, automne 2010, Philippe Sands reçoit une invitation de la faculté de droit de l’université de Lviv pour y dispenser une conférence. On lui demande de faire part de ses travaux de recherche concernant le génocide et les crimes contre l’humanité. Il doit parler de cas dont il s’est occupé dans son travail de recherche sur le procès de Nuremberg et ses conséquences pour le monde moderne. Philippe Sands a toujours été fasciné par ce procès et les mythes qui l’entourent, par ce moment où, dit-on, notre système de justice internationale a pris naissance. Ce procès a donné une impulsion très forte au mouvement des droits de l’homme alors en gestation. En 1998, son travail d’avocat l’a notamment conduit aux négociations qui ont mené à la création de la cour pénale internationale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette BD volumineuse (près de 300 pages) est l’adaptation fidèle de Retour à Lemberg, un roman publié en 2017. L’avocat franco-britannique Philippe Sands s’intéresse au destin de trois hommes originaires de Lviv (ou Lvov ou encore Lwow et qui deviendra Lemberg). Parmi ces 3 hommes, il y a Léon Buchholz le grand-père de l’auteur, un juif polonais, Hersch Lauterpacht et Raphaël Lemkin qui ont introduit le terme de « crime contre l’humanité » et de « génocide » à Nuremberg. Philippe Sands s’intéresse également à Hans Franck, avocat d’Hitler, gouverneur général de la Pologne occupée qui, en 1942, a annoncé publiquement l’extermination des juifs. L’auteur fait une enquête minutieuse sur sa famille et notamment son grand-père dont l’histoire personnelle a croisé celle de la grande Histoire. C’est donc à la fois un récit familial, historique (le procès de Nuremberg) et politique, avec l’émergence du droit international qui condamne les crimes contre l'humanité et les génocides. La lecture est certes ardue, de par son sujet complexe, mais paradoxalement l’écriture est accessible. A n’en pas douter, les passionnés d’Histoire et de Droit seront absorbés par cet ouvrage érudit dense et détaillé. Le récit en noir et blanc est illustré de manière très réaliste et sobre par Christophe Picaud. La ressemblance entre ses personnages et le dossier d’archives photographiques qui conclut l’album est saisissante.