L'histoire :
Vimal, danseur et chorégraphe, est né en 1978 à Vavunikulam dans le Nord du Sri Lanka. Il arrive en France en 1990, à Chambery, seul avec son frère aîné. Le reste de la famille le rejoindra seulement 8 ans plus tard. Les souvenirs de son voyage sont fugaces et symboliques. On lui offre un anorak bleu, car là où il va, il températures sont bien plus fraîches qu'au Sri Lanka. Dans le train, on lui sert de la salade dans son plateau-repas. Pourquoi lui donne t-on a manger de l'herbe ? Ce son les chèvres qui mangent de l'herbe. Et l'eau en bouteille n'a pas du tout le goût de l'eau du Sri Lanka. Le temps passant, Vimal apprend à s'adapter et à trouver sa voix en tant que danseur chorégraphe. Maintenant il a une double culture et il demandé à son ami dessinateur de dire, à sa façon, son histoire. « Pour y apporter un autre regard. La danse et la bande dessinée ». Ganesh révèle alors son passé, ses pensées, ses références littéraires, philosophiques... Tout va vite. Deux conceptions du monde se rejoignent et doivent se comprendre. Le dessinateur va là où tout a commencé. « J'ai attrapé le petit bonhomme Google par la peau du cou et je l'ai lâché au hasard au bord du lac de Vavunikulam ». Une recherche complétée avec un pendant historique pour avoir un regard plus général...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cet album, Adrien Houillère apporte un regard personnel sur une rencontre, sur un ami, sur la danse, sur les sentiments et sur l'assemblage de tous ces éléments. Une affaire à la fois troublante et enrichissante. Avec des couleurs chaudes et un dynamisme dans la mise en page, il emporte le lecteur dans son aventure autant graphique, psychologique que sentimentale. Au début, à travers des petites cases superposées, le dessin prend le dessus sur le texte avec des plans sur des mains, des bulles qui s'accumulent, des gros plans de visages, des morceaux de nature... Tout cela montre la quantité de données sur tous les domaines explorés. Puis les cases réoccupent l'espace, comme s'il fallait poser calmement les choses pour mieux se les approprier, concrètement. La pensée cartésienne prend le dessus. Néanmoins, c'est un récit personnel qui est requis, alors la mise en page se modifie à mesure que la perception de la démarche devient limpide. Les mots de l'ami deviennent le chemin d'une quête de soi, de son identité. Le corps du danseur prend sa place et se meut. Le graphisme accompagne ces mouvements si rarement représentés dans la bande dessinée. Houillère s'est conformé le plus souvent à un quadrillage de trois cases sur quatre. Quand l'échange devient plus personnel, les teintes redeviennent plus sombre, terre, blanc, noir... On pourrait presque y voir une références aux fresques sur les vases grecques, avec ce rapport de trois teintes. Une façon de marquer dans l'Histoire ce récit réel. Ces alternances de tonalité reflètent les différentes périodes d'échanges qui parfois peuvent être tendues. Au final, le travail sur ce récit d'apprentissage montre une grande cohérence. Il parle de la danse, des différences culturelles et de la quête d'identité. Cela ne concerne pas seulement le danseur qui a pour pseudonyme Vimal, mais aussi le dessinateur qui s'interroge lui aussi sur lui, sur le changement, sur son ressenti en période difficile. Que le lecteur soit ou non fana de danse, cela n'a aucune importance. On le met face à son humanité, ses contrariétés, sa curiosité, son intolérance... Un joli chemin de réflexion qui ne laisse personne indemne à la fin. On a envie de s'enrichir des autres, de leur passé, de ce qu'ils en ont fait pour devenir ce qu'ils sont.