L'histoire :
Dans le royaume, il y a désormais deux rois. Enfin, un roi et son mari, l’ogre ayant retrouvé son amour de jeunesse. Un messager déconfit vient leur annoncer que les animaux se sont rebellés dans la ferme du père Riflon. Depuis qu’ils sont doués de parole, ils refusent d’être mangés. Et le château d’être ainsi privé de viande durant des jours. Les animaux ont pris le père Riblon et sa femme en otage et ils refusent d’être désormais réduits à l’état de pitance. Le cuisinier a fait des stocks de lapins, mais le mari du roi refuse d’en manger. Son hamster conseille de raser la ferme, mais Robilar se propose de s’y rendre en tant que négociateur, accompagné par le cuissot, qui veut voir de ses yeux à quoi ressemblent des animaux qui parlent. Ils vont rapidement se rendre compte que les animaux de la ferme, emmenés par Justin le cochon et Vincent Charles, dit V.C., le canard, un idéaliste qui essaie de tenir les troupes. Les relations se tendent rapidement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième tome de Robilar est probablement le moins drôle des trois. Pas le moins réussi, en revanche. On retrouve le même cocktail que dans les deux premiers : un dessin magnifique de Sylvain Guinebaud, aussi à l’aise pour donner vie aux animaux que du sentiment aux humains (ou l’inverse), qui brosse des paysages souvent à couper le souffle ; des références à foison, vers la littérature et Orwell aussi, mais aussi vers le conte bien entendu toujours, le cinéma toujours avec les petites friandises audiardiennes de David Chauvel ; l’humour, caustique toujours, et intelligent, mais surtout de plus en plus noir, et c’est là qu’on tranche avec les précédents, ou plutôt qu’on s’enfonce de plus en plus dans la noirceur de l’âme. Car si les princesses du tome 2 étaient déjà sacrément affreuses, que dire des animaux de la ferme ici, et pas seulement du cochon Justin ? Car sous les apparences guignolesques de ces animaux mis en scène, David Chauvel livre une liste particulièrement noire et désenchantée des défauts humains : quête du pouvoir, malveillance, bassesse, goût du sang, lâcheté, trahison, tout y passe et sans l’humour mordant et décalé de Chauvel, et son phrasé canaille, on pourrait presque se croire chez un romancier du XIXème. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est l’évolution de Robilar, qui devient un héros de plus en plus attachant. Mais comme d’habitude, les auteurs se réservent une fin qui pourrait être définitive, encore plus que les précédentes. Alors, stop ou encore ?