L'histoire :
L’ogre est roi. Il a pris la place du précédent roi, de sa fille allergique aux poils de chat et de Panisse, le meunier devenu prince par la grâce du chat botté. L’ogre devrait être heureux, mais il est triste, triste à pleurer, triste à mourir. Pire, les nains qui doivent le divertir lui font peur ! Il se sent vide et seul. Robilar décide alors de lancer des invitations de par le royaume, aux princesses les plus belles et les plus courageuses. Il s’agit de venir le sauver de son ennui et de son maléfice. Un baiser pour le délivrer, et la vie pour jouir du statut de reine, ensuite… Cinq princesses sont pour le moins intéressées, toutes accompagnées d’un animal de compagnie. Il y a une princesse toute de rouge vêtue, alcoolique au dernier degré, avec un insupportable perroquet. Elle renverse sa bouteille dans son carrosse et doit s’arrêter au village pour refaire les niveaux. Mais le tavernier a fermé, et elle reste sur sa soif. Au moment où elle sort, elle voit un carrosse foncer et la dépasser. C’est celui d’une princesse habillée de vert, extrêmement érudite, maniérée autant que l’autre est vulgaire. Alors que Robilar et l’ogre échangent sur la malédiction de l’ogre, les deux jeunes femmes arrivent à toutes berzingues, suivies par leurs trois autres concurrentes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome empruntait largement, très largement, au Chat Botté de Perrault (même si ce conte se retrouve dans d’autres cultures européennes). Ici, c’est l’ogre qui gagne, et pour lequel vont s’affronter cinq princesses, chacune plus antipathique que les autres. Il y a là Zellandine, parodie de La Belle au bois dormant, ou plutôt de l’un de ses ancêtres, le roman de Perceforest. La princesse n’est plus ici au bois dormant, mais au « boit-sans-soif », tellement elle est imbibée. Blanche-Neige y est caricaturée sous les traits de Blanche-Mièvre, alias Maria Sophia Margaretha Catharina d'Erthal, l’une des princesses qui pourrait avoir donné naissance au mythe. Nadège, la princesse au petit pois-chiche, est probablement la plus bête et la plus fainéante. Catherinette, surnommée peau d’bique, est un pastiche de Peau d’Âne, qui passe son temps à chanter, comme Catherine Deneuve dans la merveilleuse version de Jacques Demy. Enfin, Ray Ponce est la plus énigmatique, puisqu’elle ne semble pas être autant détestée par les autres. La vulgarité de ces princesses, leur méchanceté et leur bassesse, sont jouissives. Elles forment un quintet des plus désagréables qui s’oppose à la bonhomie et à la gentillesse de l’ogre. Robilar, lui, essaie de tirer son épingle du jeu avec l’aide des compagnons des princesses. Ça rebondit sans arrêt, c’est une nouvelle fois drôle et bourré de références anciennes ou récentes. On sent que Chauvel s’est bien amusé. La narration est très agréable, avec un séquençage qui permet une nouvelle fois à Sylvain Guinebaud de montrer l’étendue de son talent, petites et grandes cases, paysages somptueux et portraits mordants. L’histoire pourrait une nouvelle fois s’arrêter à la fin de cet album, mais il ouvre la possibilité d’une troisième partie qui est très attendue…