L'histoire :
Après moult péripéties et bévues en tous genres, Nusrat et Apanathur ont été chassés de leur petite troupe de fielleux (voleurs de bas étages) par leur chef Gosling. Les deux demi-frères se retrouvent donc sur les chemins boueux, en direction de leur village d’origine : Chemmaag. Sur place, ils sont accueillis par leurs anciens camarades Musrat et Anapathur (à l’orthographe très proche), qui se réjouissent du retour de leurs souffre-douleurs. Nos deux anti-héros demandent alors le gîte à leurs pères, Ramesh et Knoll, deux anciennes gloires de « rugberserk », le sport local. Par coïncidence, le nécromancien Almenech, qui a déjà été confronté à l’incompétence de Nusrat et Apanathur, sévit justement dans les environs. Son job du moment : ressusciter des corps et reconstituer les chairs. Pour cela, il s’est installé dans le cimetière à proximité du village, lieu d’ordinaire fréquenté par Grignote, une goule plutôt énervée. En effet, la goule est une espèce de mort-vivant qui se nourrit exclusivement de charognes. Redonner vie à des cadavres fraîchement décomposés, c’est un peu piquer dans son garde-manger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’image du début de série, cette nouvelle aventure ne fait pas dans la quête, la prophétie ou l’équipée guerrière à multiples épisodes. Dans ce troisième tome de Sälem la Noire, on se familiarise un peu plus avec les caractères de loosers des deux anti-héros, et par là même avec cette série exigeante qui finit peu à peu par trouver son ton. En fait, Nusrat et Apanathur sont un peu les Blutch et Chesterfield (Les tuniques bleues) de l’heroïc-fantasy. Cette histoire complète nous livre donc simplement une nouvelle anecdote visant à mieux installer cet univers humoristique mis au point par deux auteurs décidément très prolifiques. Pas moins de 3 tomes en 16 mois ! En multipliant les détails, en variant les cadrages, le coup de crayon de Stéphane Créty est un réel plaisir pour les yeux mais n’aide pas à la fluidité de l’ensemble. Car le scénario de Sylvain Cordurié pèche toujours par la densité de ses dialogues. Si certains sont franchement réjouissants (la verve courtoise de la goule), d’autres embrouilleront le lecteur négligeant (les noms de familles extrêmement proches). Il manquerait juste une petite dose de maturité narrative pour faire de Sälem la noire une très grande série.