L'histoire :
Arrivé sur le Mont Saint Michel pour un repérage en hélicoptère, Séraphin Cantarel ne va pas réellement pouvoir se consacrer au travail prévu. Initialement, il devait vérifier que la marée noire de l'Amoco Cadiz ne mettait pas en péril le classement du site au patrimoine de l'Unesco. Mais en apercevant le cadavre d'un moine sur le sable dégagé par l'eau qui s'est retirée, il va se voir embarqué dans une toute autre enquête. Son adjoint Théodore le rejoint très vite, avec une mission urgente qui vient de parvenir à leur bureau : retrouver une toile d'Eugène Boudin. Un certain Edouard Bronstein produit une vieille photo de ce petit chef d'œuvre dans le salon familial et affirme que le musée de Caen le détient de manière totalement illégale. Deux affaires a priori indépendantes, que les deux hommes vont tenter de mener de front. Si tant est que Théodore arrive à l'heure à leur rendez-vous matinal, malgré sa rencontre dans le train avec la très charmante Emilie. Leur premier rendez-vous est pour les moines bénédictins, qui ne reconnaissent pas le cadavre pourtant vêtu d'une de leurs bures...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette deuxième enquête de Séraphin Cantarel, Corbeyran semble avoir trouvé une sorte de rythme de croisière qui lui permet d'imprimer une patte grand-public aux aventures tirées des romans de Jean-Pierre Alaux. Il parvient ici à renforcer la personnalité de son personnage et à donner une légèreté à ses péripéties presque placides, grâce notamment à la montée en puissance de son faire-valoir Théodore Trelissac. Les traits d'humour concoctés par le scénariste sont parfois un petit peu appuyés, mais Corbeyran n'en a pas encore fait sa spécialité. Chaque chose en son temps, serait-on tenté de penser. Cette nouvelle enquête autour de cadavres de moines au Mont Saint Michel comporte néanmoins tous les rebondissements nécessaires au plaisir de lecture, avec en prime de jolies vues d'un très beau site de notre patrimoine. Michel Suro apporte beaucoup d'énergie à cette enquête bien construite, grâce à un trait nerveux et suffisamment personnel pour prendre une part active au rythme du récit. Le format de 52 pages suffit à ce one-shot, la récurrence des personnages lui apportant la dimension attachante qui donne envie de retrouver bientôt des antihéros sympathiques. Ce tome 2 montre donc une vraie montée en puissance. Cette version actualise les énigmes classiques concoctées par les auteurs phares des années 60 dans le journal Tintin. Ce qui est plutôt pas mal.