L'histoire :
Après sa mésaventure avec la police du premier empire, Shandy postule pour entrer dans l’armée napoléonienne comme il s’y était préparé. Sur le lieu du gigantesque camp de recrutement de Boulogne, un capitaine l’interroge sur ses motivations. Pourquoi lui, un anglais, veut-il combattre au côté de l’empereur français ? On lui rit au nez lorsqu’il émet le souhait de ne jamais avoir à affronter ses compatriotes. Séduit par ce principe chevaleresque et son habileté à manier le sabre, le jeune général Ragon l’engage néanmoins dans son régiment de cavalerie. Dès son premier soir de soldat, Shandy assiste à un discours préliminaire à la campagne austro-hongroise de la grande armée. En apercevant le général qui passe les troupes en revue, il reconnaît Dorigo, qu’il croyait avoir abattu en duel ! Ce dernier est aujourd’hui général et aide de camp de l’empereur. En l’espionnant jusqu’à sa tente, il réalise qu’Agnès, elle aussi, est toujours en vie et qu’elle est dorénavant sa maîtresse ! Dorigo, qui l’a également reconnu, fait alors peser sur lui des suspicions quant à la valeur de son engagement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le second volet de cette grande fresque historique est plus intéressant que le premier tome, dit « d’exposition ». Avant tout, la célèbre bataille d’Austerlitz est ici traitée avec maîtrise et surtout, quel souffle épique ! Au scénario, Matz change clairement de mode narratif par rapport au Tueur ou à Du plomb dans la tête – les séries par lesquelles il est le plus connu. Le récit n’en demeure pas moins habile, principalement dans la retranscription historique. Il y a toutefois une grosse ficelle, dans la « résurrection » de deux personnages morts au précédent épisode. Un seul, encore, ça aurait passé… Or, mis à part la bataille et ses aléas qui occupent – fort heureusement ! – une large place dans cet épisode, les relations entre Shandy, Dorigo et Agnès tournent un peu en rond. C’est sans doute une volonté assumée de coller au style romantique des auteurs de l’époque, mais bon sang que c’est chiant ! Passons sur ce détail très subjectif, la vérité est ailleurs. Au dessin, Dominique Bertail laisse de côté les effets colorimétriques douteux du premier tome, quoique le traitement informatique soit toujours parfois maladroit. En revanche, ses encrages sont splendides ! Certaines cases mises en scène avec minutie, sur de larges demi-pages ou carrément des doubles, resteront en mémoire. Costumes, combats, mouvements de troupes, tableaux d’ensemble… le dessinateur s’est (et nous a) visiblement fait plaisir, et quel boulot ! Rarement les batailles napoléoniennes auront été aussi scotchantes. Rien que pour ça, on rempilera volontiers sur un troisième épisode…