L'histoire :
Au sein du gigantesque convoi interstellaire « Sillage », Nävis exécute une nouvelle mission. La constituante l’a chargée d’infiltrer un groupe de truands alter-universalistes. La voilà habilement grimée en extraterrestre : fausse queue, peau verte et casque dans lequel se dissimule un petit être chargé d’émettre des pensées factices. Car l’humaine Nävis est la seule créature de Sillage à avoir un cerveau totalement hermétique, ni psy-active, ni psy-passive. Evidemment, cette faculté unique la place en bonne position pour remplir ce type de mission à haut risque. Recrutée en tant que pilote de vaisseau, elle s’affranchit haut la main de quelques tests imprévus de fiabilité et rencontre Kérhé-Dizzo, la chef de bande. Selon les services secrets de la constituante, cette terroriste prépare un nouveau coup, du lourd. Un soir, en effet, Kérhé-Dizzo emmène sa bande à travers une porte tridimensionnelle et se pose sur un astéroïde dans un coin secret du cosmos. Esseulée un moment dans la navette, Nävis refuse de patienter et part espionner le groupe. Elle découvre alors une sorte de ruche géante, dans lequel une espèce extraterrestre est élevée et droguée en masse. Mais le plus étrange, c’est que cet élevage abominable est estampillé « Sillage »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous vous en doutez : une fois de plus, la naïveté de Nävis va l’amener à faire une grosse bêtise. N’écoutant que son bon cœur, notre héroïne va se retrouver responsable d’un cataclysme sans précédent au sein de Sillage : près de 10000 morts ! Sans trop dévoiler le pourquoi du comment et maintenir un minimum de suspens, disons simplement que le scénario de Jean-David Morvan est une nouvelle fois bien rempli. Le scénariste parvient d’un côté à allier une aventure dynamique pleine de rebondissements imprévus, et de l’autre une réflexion de fond relativement sérieuse. En effet, les missions de Nävis sont à chaque fois prétexte à la plonger dans des situations diplomatiques très particulières. Emportée par son caractère entier, elle fait dès lors preuve de bon sens pour prendre des décisions et cela se révèle en général catastrophique. Que cherche à dire Morvan ? Que les choses sont souvent plus complexes qu’il n’y parait ? Qu’une mauvaise prise en compte des éléments – quand bien même il s’agirait de suivre une certaine morale – peut avoir des effets inversement néfastes ? En tous cas, cela nous incite à réfléchir sur la complexité de la Politique, au sens noble du terme, et on ne s’ennuie pas une seconde ! Au dessin et aux couleurs, Philippe Buchet ne doit pas chômer pour faire rentrer toutes ces cases minutieusement détaillées en 46 planches. La complexité des armures de combat (voir Nävis à la pl.16), la tronche pas croyable des E.T., le carambolage galactique, autant de séquences visuellement riches et enthousiasmantes. Au fil des épisodes, la série mûrit, pas tout à fait la même qu’au début, pas tout à fait géniale, mais tout de même très efficace.