L'histoire :
Plusieurs concurrents s’affrontent à bord de robots transformers, immergés au sein d’un labyrinthe qui subit de constantes modifications de trajectoires. Il s’agit bien entendu d’un exercice de formation au terme duquel il faut se saisir d’un drapeau, et pour lequel Nävis est… instructrice ! En effet, depuis son procès, la jeune humaine a été radiée du corps diplomatique de Sillage. Un huissier interrompt d’ailleurs l’exercice pour lui signifier qu’elle n’a également plus le droit de se servir de ses aptitudes au combat, acquise au sein de ses fonctions officielles, à des fins rémunératrices ! Déprimée et un peu paumée, Nävis accepte une entrevue avec son avocat, le perfide Ehmté-Ciss-Ronn. Elle sait que ce dernier a subtilement manœuvré pour obtenir du tribunal exactement ce qu’il voulait, lui ! C'est-à-dire que sa défense a certes évité la prison à Nävis, mais pas sa destitution, de sorte qu’elle ait envie d’œuvrer contre l’administration sillagienne. Lors de l’entrevue, l’avocat apprend à Nävis l’engagement récent de Bobo, l’un de ses amis, au côté d’un groupe de révolutionnaires anti-sillagiens. Sous une couverture de reporter, Nävis accepte donc de s’envoler pour la planète Ribehn, où les traditions « asiatisantes » sont particulièrement prégnantes. Son alibi : une enquête sur le massacre récent d’un groupe de navigants sillagiens…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le tome 10 de Sillage vient de recevoir pour la seconde fois, à Angoulême (2008), le Prix Essentiel Jeunesse (prix décerné par les lecteurs âgés de 10 à 14 ans). Les formidables atouts de la série, qui lui valent également un joli succès public (la série est traduite en 14 langues !) s’avèrent être également ses faiblesses récurrentes. Il est en effet agaçant, à la longue, de voir Nävis un peu plus houspillée à chaque tome par la « machine sillagienne » qui s’évertue, semble t-il, à lui pourrir la vie. Or le mal de vivre qui en résulte trouve un curieux écho dans la crise de l’âge bête, durant lequel les ados se sentent souvent mal-aimés. Résultat : ça fait maintenant plus de 4 tomes que Nävis tire la tronche ! Passons. Dans ce onzième opus, Jean-David Morvan emmène notre (tout de même) attachante héroïne étudier un groupe de rebelles. Ces derniers appartiennent à une société « asiatisante », aux mœurs cérémoniales, proches de celles du Japon médiéval. Un cadre guère surprenant quand on sait, pour l’anecdote, que le dessinateur Philippe Buchet s’est installé au Japon depuis un peu plus d’un an. C’est l’occasion pour Nävis de s’interroger cette fois sur la parité homme/femme et de remettre un peu plus en question l’ordre établi (tiens, tiens… un autre leitmotiv adolescent). Autre particularité sympatoche de ladite planète : elle dispose de ressources minérales permettant d’inverser la gravité. Avec tout le savoir-faire qu’on lui connait, JDM joue habilement avec les moult possibilités de cet attribut (d’où le titre). Pour le reste, on retrouve avec plaisir les ingrédients inhérents à la série, à savoir un découpage dense et virtuose, un bestiaire et des décors somptueux et une conclusion très ouverte…