L'histoire :
En 1851, le jeune mais déjà aguerri Maximilien Gérard (ou Bonnot ?) traverse le Nicaragua, à destination de la Californie, avec un désir de vengeance chevillé au corps. En effet, trois ans plus tôt, trois soldats monarchistes ont tué son frère de sang-froid, alors qu’il était sur les barricades parisiennes de l’insurrection républicaine. Ce sont eux qu’il est venu traquer jusque dans cet Etat qui connait l’ébullition de la fièvre de l’or. Durant la traversée du lac Nicaragua, il sympathise avec Mr Beaver, un représentant en armes de chez Colt. Pour le remercier d’être intervenu en sa faveur lors d’une rixe, Beaver lui offre un modèle de révolver révolutionnaire d’une capacité de 6 charges. C’est pourtant le sabre brisé de son frère que Maximilien plante dans la main du sergent Barbet, retrouvé le soir même à la terrasse d’un bouiboui de San Juan del Sur. Il était l’un des tortionnaires de son frère. Après l’avoir fait parler sur la localisation des deux autres, Maximilien lui tranche la gorge. Puis il poursuit sa route en embarquant sur un bateau à direction de San Francisco. Beaver reste un de ses compagnons de route, ainsi qu’un gamin qui lui colle au basque…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme souvent dans les récits scénarisés par Jean-Pierre Pécau, cette aventure s’inscrit dans un contexte historique solide : au lendemain de l’insurrection parisienne de 1848, elle met en scène la vengeance d’un jeune républicain à l’encontre de ceux qui ont assassiné son frère sur les barricades. Toutefois, cet acte fondateur se dévoile en flashbacks, tandis que le récit au présent se déroule sur le nouveau monde, au Nicaragua jusqu’à la page 20, au milieu des chercheurs d’or de San Francisco ensuite. L’ambiance est donc carrément celle d’un western, qui évoluerait en dehors des sentiers battus. Des sales trognes partout, une pute danseuse de saloon, un général despotique, la fièvre de l’or, la poudre qui parle… Tous ces éléments sont classiques, mais ils se combinent à travers un scénario non archétypé, typique de ceux de Pécau, dans le sens où il réclamera concentration et allers-retours dans les pages de la part du lecteur en quête de repères. Pécau a toujours tendance à favoriser l’érudition historique au souffle narratif et à une approche fluide. Exemple flagrant de cet écueil, le patronyme Maximilien est « Gérard » en bas de page 21, mais « Bonnot » dans le résumé de la 4ème de couverture. Cela n’empêche pas la quête initiatique du jeune héros d’être prégnante à travers le joli dessin encré réaliste de Benoît Dellac. Notamment ses vues panoramiques sur les villes champignons boueuses et malsaines immergeront admirablement le lecteur dans une époque quelque peu ignominieuse.