L'histoire :
18 janvier 1807, au cœur de la Pologne. L'armée de Napoléon est galvanisée par ses éclatantes victoires : Iéna, Austerlitz entre autres. La France essaie de s'allier avec les polonais pour contrecarrer les plans de la puissance militaire russe et les réduire à néant. Cette mesure permettra de renforcer l'embargo de l'ennemi britannique. Mais, cette campagne est particulièrement complexe sur le terrain, eut égard à la neige, la boue, les températures glaciales qui sévissent. Bravant les éléments, les troupes luttent corps et âmes et s'occupent comme elles peuvent, livrant bataille à des cosaques ou croisant le fer entre eux. De leurs côtés, Marcel Godart, dit « le belge » et Daney, dit « Mâtin », tous deux du 2ème régiment de chasseurs à cheval, sont souvent confrontés aux humeurs changeantes de « J'y étais », un vétéran d’Austerlitz qui se targue d'avoir lutté pendant cette bataille homérique. Mais un soir, le fidèle destrier de celui-ci est égorgé. Ils compatissent devant cet ignoble acte et se mènent l'enquête pour découvrir celui qui a commis l'irréparable. L'un des soldats de la Grande Muette va devoir se mettre à table, pour ce meurtre commis dans l'étable. En plus, Beaumont a disparu !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les guerres napoléoniennes inspirent la BD, avec les excellents La Bataille et Bérézina de Frédéric Richaud et Ivan Gil. Réédité pour la première fois dans une belle intégrale, Souvenirs de la Grande armée est fait du même bois, en explorant le quotidien âpre sur le front. Ici, les chirurgiens s'apparentent plus à des bouchers-charcutiers, les soldats à de la chair à canon transformée en estropiés, voire en chair à saucisse. Les officiers se servent et se partagent le butin des morts sur les champs d'honneur. Au milieu de ce marasme, quelques femmes offrent un supplément d'âmes en pansant les plaies d'hommes qui jouent à la bataille. Michel Dufranne va plus loin en montrant outre les batailles et leurs conséquences, l'envers du décor, les sentiments, le passé et les émotions de ces soldats à travers plusieurs personnages (et des voix off pleines d'à propos, qui auraient mérité d'être plus lisibles). Pour compléter le tableau, les dessins d'Alexis Alexander s'invitent dans la bataille, détaillant l'action avec précision. Dommage que les visages des personnages ne soient pas plus reconnaissables. En fin d'album, un cahier de 9 pages réunit interview du scénariste, croquis du dessinateur, cartes et frise chronologique.