L'histoire :
En 1808, les cavaliers du 2e chasseur à cheval sont en faction dans le duché de Varsovie. En ces mornes contrées, une ambiance un peu lénifiante s’installe. Il s’agit essentiellement pour eux de surveiller la frontière et de contrer les raids des brigands russes qui passent la frontière, d’anciens soldats déserteurs pour la plupart… Les anciens d’Austerlitz s’ennuient ferme et donneraient cher pour pouvoir aller se battre en Espagne, ou pour retourner au pays voir une famille qu’ils ont quitté depuis trop longtemps. Dans ce contexte, les duels et les désertions se multiplient et ce n’est pas la bleusaille qui allège l’atmosphère. Un soir, alors qu’il rentre de patrouille, « le Belge » surprend un soldat qui désescalade une façade en catimini. Il parvient à saisir son nom : Khonen. Ce dernier vient de ciseler les superbes mèches de cheveux de « J’y étais », durant son sommeil. Au réveil, le lendemain, celui-ci est en rage. Il tanne le cuir à « Mâtin », persuadé que ce dernier est à l’origine de cette mauvaise plaisanterie. Une fois les esprits calmés, la troupe part s’installer au plus près de la frontière russe, et prend ses quartiers dans un moulin désaffecté qu’ils entreprennent de restaurer. Un soir qu’ils rentrent de patrouille, les cavaliers sont attaqués par une gigantesque meute de loups. Mâtin sort alors son sabre et se livre à un combat héroïque et interminable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pas évident de rendre palpitant un épisode de l’histoire de la Grande Armée napoléonienne, dont la problématique est justement l’inaction. Et pourtant, la drôle de guerre de Prusse (Pologne) qui s’éternisait est ici formidablement retranscrite en scénario par Michel Dufranne, spécialiste de la période napoléonienne. Dufranne nous livre une version peu glorieuse de la « grande » armée, juste avant sa dissolution en « Armée du Rhin », dans un instantané du front Est de 1808. Tandis qu’elles perdent leur âme en Prusse, les troupes s’enlisent en Espagne et s’effilochent de toutes parts. Ce second tome emportera moins l’adhésion d’un large public, en raison de cette ambiance par définition lénifiante. Le scénariste saisie pourtant parfaitement bien la situation peu excitante et le moral des soldats en berne, une nouvelle fois via le prisme intérieur. En guise d’intrigue, on suit alors les exactions d’un soldat félon – malgré lui – et la résolution de cette affaire. Le récit n’est pas totalement dénué d’actions et de tensions : le duel du début, l’attaque des loups, le pillage des brigands, toujours en séquences muettes, sont superbement rendues par le dessinateur serbe Alexander. L’artiste se montre toujours à la hauteur pour illustrer, dans de belles cases animées, les mouvements de troupe. Nombre de séquences sont pourtant moins peaufinées que pour le premier tome, qui était d’une finition vraiment exceptionnelle. Cet opus contentera pleinement les amateurs d’Histoire et/ou de la période.