L'histoire :
Une chatte qui joue à la souris avec un loup pendant qu’une musaraigne et un corbeau se cachent dans les bois entourant le chantier d’une maison en construction : ainsi débute notre histoire. C’est en fait Estelle la musaraigne qui joue avec ses amis jusqu’à l’appel de sa maman. Le maçon, lui, est son papa, costaud et dur au labeur. Sa maman est venue la chercher car bientôt le soleil va se coucher. Mais pourquoi doit-il aller dormir, le soleil ? Sa maman explique à sa fille de 6 ans qu’il lui faut se reposer pour être en forme le lendemain et réchauffer de ses rayons les humains. Estelle est curieuse, c’est là son moindre défaut. Alors pourquoi se couche-t-il plus tôt en hiver qu’au temps chaud ? La maman d’Estelle aime, elle, raconter à son enfant des histoires afin qu’elle comprenne en images les raisons de la Nature. Mais quand, le lendemain, vient la question redoutée par tous les enfants, Maman est bien embêtée pour répondre. Alors elle brode encore autour des cigognes, des choux et des dinosaures disparus. Tout cela convaint Estelle, toute fière de pouvoir dire à sa maîtresse à l’école, comment on fait les bébés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection Shampooing est une collection qui veut faire mousser, qui dénote quoi. Et pour faire mousser sont convoqués non de grands noms reconnus, mais de jeunes talents méconnus, repérés sur le net ou ailleurs. Aujourd’hui est à l’honneur un certain Sylvain-Moizie, auteur d’un projet ambitieux composé de 28 opus (autour de 28 personnages) dont Telle est une Estelle est le quatrième. Notre histoire pose une question simple : « Dis Papa, comment on fait les enfants ? Dis Maman, est-ce vrai que les bébés naissent dans les choux ? » Voilà résumée l’interrogation redoutable autour de laquelle l’intrigue est construite. Une intrigue intelligente qui articule enfantillages et réflexions faussement anodines. Science et fable (à la façon animalière de Lafontaine) expliquent chacune à sa façon les mystères de ce monde. A l’âge d’Estelle, le désenchantement de ce dernier est à peine entamé. Reste à savoir comment le préserver ? Le trait est simple, les couleurs chaudes, la narration directe et coquine. On accroche d’entrée et on en parvient à la fin en quelques croques enlevés. Une nouvelle curiosité féconde de cette collection affable.