L'histoire :
Dans un futur lointain, un gigantesque vaisseau, le Victoria III, a été envoyé dans l’espace depuis la Terre, pour une durée indéterminée, à une vitesse supérieure à celle de la lumière. Sa mission : terra-former et coloniser la première planète capable d’accueillir le million d’humains qui l’ont investi. En son sein, une ville géante, des usines de recyclage, 400 000 robots domestiques et le patrimoine génétique de toutes les espèces animales et végétales connues. 258 ans après son départ, le vaisseau vogue toujours dans le cosmos. Il est dirigé par le 1er conseiller Huges et le capitaine Oram, qui annoncent ce jour à la population qu’une planète habitable est enfin en approche ! Toutefois, celle-ci demeure mystérieuse, car une sorte de barrière magnétique perturbe les instruments de mesure. En parallèle, des mouvements sociaux se font de plus en plus violents au sein du vaisseau. En effet, certains se sont habitués à la vie à bord et ne désirent pas se fatiguer à reconstruire l’humanité sur une autre planète (ou la dénaturer). Sous l’égide d’un savant fou, le Docteur Arck, qui espère pouvoir créer génétiquement le premier homme capable de vivre dans le vide du cosmos, ils se rebellent. La belle Elise Torov, professeur d’Histoire à la faculté, est tétanisée par ces événements, qui prennent une tournure tragique. Car l’explosion d’une grenade endommage les stabilisateurs : le vaisseau va s’écraser sur la planète…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La colonisation d’une autre planète est-elle une chimère de science-fiction ou la solution ultime à notre formidable capacité à saborder notre Terre ? Cette idée compose en tout cas une thématique classique de la science-fiction, dont Philippe Ogaki s’empare à bras ouverts avec cette nouvelle série au format proche des comics (dimensions étirées verticalement et 116 planches !). On peut reprocher à cet épisode de mise en bouche sa naïveté dans la psychologie des personnages et un manichéisme dans les comportements « politiques ». Il n’en demeure pas moins qu’Ogaki effleure par moments des sujets éthiques et philosophiques très intéressants. A-t-on juste le droit de coloniser une autre planète, quand bien même il en irait de notre survie ? Peut-on imposer des choix de civilisations aux locataires de la « caverne de Platon », sous prétexte d’ouverture ? Et une bête question technique : la vie est-elle possible dans le vide du cosmos ? A un moindre degré, le divertissement est bien au rendez-vous, qui offre aux personnages des rencontres étranges (chouette, un nouveau bestiaire extraterrestre), une histoire d’amour, et la grande plus-value made in Ogaki : des décors high-tech futuristes démentiels. Des facilités évitables plombent tout de même gravement la cohérence d’ensemble – ah tiens, les extraterrestres parlent d’emblée le français et peuvent se reproduire avec les humains !? Pratique…