L'histoire :
Lun Zhang a quitté la Chine depuis trente ans. Mais chaque jour, il se souvient de la place Tiananmen, immense et tranquille, mais lieu d'un drame grandeur nature, dont les personnages l'ont marqué à jamais. A la fin de la Révolution Culturelle de Mao, la Chine a connu des années de dégel, d'ouverture. Lun a, lui, grandi à la campagne, car ses parents, cadres intellectuels, ont été envoyés en camp de rééducation par le travail. En 76, à la mort de Mao, son entourage est arrêté. En 1984, les étudiants descendent dans la rue pour célébrer Den Xiaoping, l'un des artisans du retour des jeunes chinois aux études. Lun, qui a brièvement travaillé dans une entreprise de chimie après son diplôme d'économie, reprend des études de sociologie à Pékin. Il devient professeur d'université. Den Xiaoping avait proclamé, après la mort de Mao, l'avènement des quatre modernisations : agriculture, industrie, défense nationale, sciences et techniques. Wei Jingsheng, qui avait proposé la démocratie comme cinquième modernisation, avait été condamné à quinze ans de prison… Alors que les jeunes découvrent la pop music et Maradona, la corruption et le favoritisme se développent. Le désir de démocratie s'amplifie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a 30 ans, le gouvernement chinois dirigé par Den Xiaoping ordonnait à l'armée de réprimer les manifestations pacifiques de la place Tiananmen à Pékin. La place était occupée depuis plus d'un mois et demi par les étudiants chinois, qui demandaient plus d'ouverture et de démocratie. Ils eurent les balles et les chars. Tout le monde se souvient de l'image qui a fait le tour du monde, celle de ce pékinois, seul, face à un char qui hésite à l'écraser. La réalité, c'est que l'armée fait un carnage. Stéphanie Andrews, journaliste de BBC News, dira « Ainsi s'achève le printemps de Pékin. Dans un pays qui représente un quart de l'humanité, sous les yeux du monde entier, un vieux régime tue sa jeunesse. » Lun Zheng était chargé du service d'ordre sur la place Tiananmen. Désormais professeur à l'université française, il retrace de manière précise les événements auxquels il a participé. Le parti-pris choisi avec Adrien Gombeaud est de les présenter sous forme de pièce de théâtre, avec son décor et ses personnages (dramatis personae, les personnages du drame). Malgré quelques flashbacks au début, la narration est fluide et agréable, avec néanmoins beaucoup de récitatifs. Bien obligé. La tension dramatique monte et se termine avec l'acmé de la répression, courte et violente. Le dessin d'Améziane, sombre et précis, possède une belle profondeur malgré le manque de mouvement dû au parti-pris initial, très factuel. A l'arrivée, alors que la Chine reste toujours aussi éloignée de la démocratie aujourd'hui, c'est un témoignage intéressant et agréable à suivre sur un moment important de l'histoire de l'humanité.