L'histoire :
20 décembre 2008. Au lycée Diderot, perdu en pleine montagne, tous les internes sont rentrés chez eux pour fêter Noël en famille. Tous, à l’exception de 4 étudiants, confiés à la bonne garde de deux surveillants, Michel et Kaisha. La blonde Jessica n’a nulle part où aller depuis que sa mère est en cure de désintoxication ; Daphné la gothique n’a pas voulu abandonner sa copine ; Damien le diabétique attend son père qui a eu un empêchement professionnel ; Vincent, nouveau dans le lycée, vient de perdre ses deux parents dans un accident de voiture. Ils sont donc 6 à devoir passer toutes les vacances ensembles, entre les murs de leur établissement. Le soir, après un somptueux réveillon à base de spaghettis bolognaises, et alors que la neige tombe à gros flocons, tout le monde y va de son souvenir de Noël. C’est plus ou moins féérique, à l’exception de l’histoire de Vincent, qui relate avec un certain sarcasme une tuerie à la hache, dans un hameau proche. Puis ils vont tous se coucher. Un cri au milieu de la nuit réveille tout le monde. Kaïsha est retrouvée dans la cuisine, dans une mare de sang, en compagnie des cadavres de deux inconnus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prévu en deux tomes, Trop mortel est un récit d’épouvante dans la pure lignée des « Slasher movies » (films d’horreur pour ados, du type Scream). Ici, on est plutôt à mi-chemin entre Shining (pour les meurtres dans un grand établissement perdu dans la montagne) et le projet Blair Witch (pour le fond de sorcellerie rurale). Dès les premières pages, effectivement, les ficelles du genre sont respectées à la lettre : au terme de ce premier volet, 3 meurtres sauvages ont eu lieu et les 5 coupables potentiels sont livrés à eux-mêmes, coupés du reste du monde par une tempête de neige, dans un environnement clôt et lugubre. Certes, l’intrigue d’Amélie Sarn et d’Eric Corbeyran, déjà co-auteur d’Elle ne pleure pas elle chante et de Nanami, se bâtit sur quelques incohérences. Un lycée perdu en pleine montagne n’est pas plus courant qu’une quinzaine de vacances passées au lycée ! De même, il faut 4 pages aux survivants pour s’inquiéter de l’identité des 2 inconnus retrouvés morts aux côtés de Kaïsha. Mais passons, c’est un récit de genre vous-dit-on ! La force de cette mise en bouche, c’est d’arriver à alterner l’épouvante et l’horreur sans altérer la tension. Issu de l’animation, le dessinateur Chico Pacheco (de son vrai nom Philippe Prunet) varie habilement les points de vue et les angles, le tout sur des « inter-cases » (le fond des planches) forcément noirs. Malgré quelques proportions douteuses sur les personnages (c’est sa première BD…), l’atmosphère aux frontières de l’irrationnel est plutôt bien gérée. Tantôt Pacheco livre des séquences d’horreur pure, silencieuses, à l’impact visuel maximum. Tantôt il joue avec les expressions faciales débiles des personnages, presque à la manière des mangas humoristiques. Du genre, au ton débridé, en passant par l’expression du titre, la cible vise clairement les djeunz…