L'histoire :
Alors que le club de foot du FCE est sur le point d'accéder à la finale de la coupe d'Europe, l'effervescence d'un moment historique règne chez les supporters. Adrien, le mari de Colette, est un des plus fidèles d'entre eux. Atteint d'une maladie grave, il est sur le point de fêter ce qui sera probablement son dernier anniversaire. Colette a alors l'idée folle d'inviter Thierry Toumermeulen dit Titou, l'attaquant vedette de l'équipe, à un repas chez elle, pour l'événement. Elle se donne les moyens d'approcher le joueur à la fin des séances d'entrainement, lorsqu'on peut voir les stars filer à bord de leurs voitures de sport. Titou est finalement touché par l'insistance de la vieille dame, et décide de répondre à sa demande, à la seule condition qu'ils soient strictement seuls ce soir-là, sans journalistes et sans autres participants qu'Adrien, Colette et lui. Mais le soir en question, un ami d'Adrien est invité en secret à passer les voir, pour être témoin de la formidable surprise. Pascal arrive une bouteille à la main, au moment du dessert. Lorsque Titou trinque avec eux, il perd conscience et se réveille dans une ferme isolée, sous la surveillance d'Adrien et Pascal. Qui téléphonent au FCE pour demander une rançon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une nouvelle fois, Etienne Davodeau met en scène des gens tout à fait normaux qui s'embarquent vers un destin tragique. Des gens simples qui conçoivent des plans insensés, improbables, et qui pour cela, se montrent tout à la fois cruels, inconscients et pathétiques. L'auteur fait cette fois reposer son récit sur le contexte d'un groupe de supporters qui préparent la finale d'une coupe d'Europe de foot. On est témoins à la fois des préparatifs du trajet en bus, difficile à financer, et des disputes entre un père supporter historique et son fils qui a des résultats scolaires désastreux. Et bien évidemment, des réactions du footballeur retenu prisonnier. En démarrant son histoire par une scène incroyable sur un stade de foot, l'auteur crée une tension qui porte son récit, expliquant rétroactivement comment on en est arrivés là. Une belle habileté scénaristique qui ne compense toutefois pas le pessimisme de cette tranche de vie qui n'épargne personne. Davodeau est sans complaisance envers l'espèce humaine, chacun de ses protagonistes étant soit alcoolique, soit dépourvu d'autorité, quant il n'est pas un journaliste pour qui seul compte le sensationnalisme. Peut-être Colette et Titou lui-même s'en sortent-ils finalement un peu mieux, mais sans gloire particulière. Sans morale non plus, l'auteur ne prétendant pas fournir une leçon à qui que ce soit. Mais juste une sortie de route, un quotidien qui dérape et fait basculer des vies.