L'histoire :
Août 2012. Une bombe nucléaire explose à Jérusalem, faisant plus de 10 000 morts. L’identité du commanditaire reste inconnue : cela peut très bien être n’importe quel groupe extrémiste. Les tensions diplomatiques sont à leur paroxysme, les cours du pétrole s’envolent, la bourse plonge, les hautes instances des trois grandes religions monothéistes sont désarçonnées… Tout le monde craint la 3e guerre mondiale. Une nouvelle secte apparait, composée de survivants irradiés par la bombe, on les appelle « les 1000 ». Cinq ans plus tard, Tom, étudiant en médecine, vient assister à un match de « cross » (sorte de football violent) où le joueur vedette est son ami d’enfance Jack, capitaine des Falcon. Il assiste tranquillement à la rencontre, de la tribune, lorsque Jack est percuté par un adversaire et emmené à l’infirmerie. Il ignore alors que la situation dans les vestiaires est plus grave que prévue : Jack semble insensible au traitement de choc que lui inocule l’équipe médicale. Dans la tribune, Tom croise curieusement une autre amie d’enfance, Marie, une roublarde professionnelle. Il ignore aussi que celle-ci vient d’être engagée comme « passeuse » pour la milliardaire chinoise Lady Shan, propriétaire de l’équipe des Falcon, et donc de Jack. Marie lui demande de la dépanner d’un patch antidouleur et lui échange un sachet contenant une autre drogue. Puis elle se sauve… avant de le rappeler via son oreillette, lui demandant de fuir rapidement le stade : il a la sécurité aux trousses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Homme de lettres, économiste et/ou conseiller d’Etat multi-casquettes, Jacques Attali a rédigé en 2006 un essai qui est devenu un best-seller. Une brève vision de l’avenir est une extrapolation d’un futur probable de notre humanité, à partir de ce que l’on sait de l’histoire et de la science d’aujourd’hui. Données climatiques, démographiques, sociales, mouvements des marchés, terrorisme, influences religieuses, progrès techniques, évolution des mœurs et des systèmes politiques… tout a été savamment analysé par Attali. Et vu le background du personnage (diplômé de Polytechnique, des Mines, de Science Po et de l’ENA, conseiller pour Mitterrand, Sarkozy et l’ONU) et ses talents de visionnaires, on peut lui accorder une certaine compétence en la matière. Initialement écrit en 2006, l’essai prend tout son sens aujourd’hui, au vu des récentes dérives de notre système économique mondialisé. Voilà aujourd’hui la chose transposée à l’univers du 9e art, sous le patronage avisé de l’écrivain (il a notamment signé la préface). C’est logiquement Jean-Pierre Pécau, spécialiste des uchronies (Empire), des nouvelles technologies (Zentak) ou de l’Histoire parallèle (L’histoire secrète) chez Delcourt, qui assume la lourde tâche de rendre digeste la vision anticipatrice d’Attali. Le résultat s’avère logiquement bavard (il faut condenser un essai en 3 tomes de BD), mais l’ensemble est particulièrement convaincant, pour peu qu’on reste bien concentré. Le découpage est bien amené et l’on arrive à suivre sans trop de difficulté le destin croisé de quatre amis d’enfance, au sein d’un monde futuriste bien assis, mais qu’on doit apprivoiser à chaque case. Après avoir passé le récit à sa moulinette, Pécau a demandé à son fidèle partenaire d’Arcanes majeurs, Damien, de l’accompagner pour le dessin. Dans un genre sensiblement différent de ses précédentes œuvres, le dessinateur s’en sort pas mal. Les cases de catastrophes sont intéressantes, les cadrages sont judicieux et malgré une belle densité de scénario, il parvient à insuffler les respirations nécessaires. On peut juste émettre des regrets quant à la colorisation qui, bien qu’assez bonne dans sa globalité, pêche parfois avec des teintes décalées ou des ambiances peu lisibles. Malgré un sujet qui aurait pu être indigeste, les auteurs se sortent fort bien de cette adaptation et réussissent l’exploit de captiver et d’intriguer sur les destins de ses quatre jeunes gens. Un bon début…