L'histoire :
Un père emmène sa fille à une conférence sur l’Histoire. Gérard Noiriel est un historien spécialiste de l’immigration et du monde ouvrier. Issu d’un milieu modeste, il essaie de partager ses connaissances avec des gens qui ne liront pas forcément les ouvrages pointus qu’il écrit. C’est notamment pour cette raison qu’il a créé DAJA, une association qui propose des spectacles d’éducation populaire un peu partout en France : des conférences gesticulées. La salle est comble. Après de brefs échanges avec les spectateurs, l’historien leur propose de faire un plongeon dans la préhistoire de la France, c’est-à-dire ce qui s’est passé avant la stabilisation de l’état royal grâce aux impôts et à la force publique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce petit format BD de 240 pages est une adaptation du livre éponyme de Gérard Noirel publié en 2018 aux éditions Agone. Gérard Noirel est notamment historien, directeur d'études à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), spécialiste de l’immigration et de l’histoire de la classe ouvrière. Ce chercheur en sciences sociales s’est inspiré des travaux d’Howard Zinn : une figure intellectuelle de la gauche américaine qui a proposé une vision alternative de l’histoire des USA, loin des mythes des pères fondateurs et du rêve américain. Le postulat de cet ouvrage repose notamment sur le fait que l’Histoire est faite par les classes dominantes, passant parfois aux oubliettes certaines révoltes sociales des classes populaires qui ont, elles aussi, contribué à faire évoluer le pays. Qui se souvient dans ses cours d’histoire avoir entendu parler de la révolte des bouchers, d’Esrasme Gerber ou encore du marronnage ? Sans occulter la dimension politique de ces travaux. Cette lecture revisitée de l’Histoire (centrée sur la période qui couvre le VII° jusqu’à la fin du XIX° siècle) propose un éclairage très intéressant et étayé par de nombreux faits. Elle permet notamment de mieux comprendre les interrelations entre les classes dominantes et les classes dominées. Adapter en BD des travaux aussi denses et sérieux relève du défi. Certains regretteront que le travail de « synthétisation » de Lisa Lugrin et Clément Xavier soit inévitablement réducteur par apport à l’œuvre originale, mais il a le mérite de le rendre encore plus accessible à un large public. Un second volume est à paraître pour couvrir la période « des internationales ouvrières aux gilets jaunes » et ainsi achever l’adaptation d’un livre de plus de 800 pages.