L'histoire :
A la suite de l’assassinat de sa famille par des mercenaires, le petit Valamon est recueilli par le père Missiandre, un ecclésiastique porté sur l’alcool de prune. Durant son enfance et son adolescence, il est ainsi élevé dans l’optique de lui succéder et de devenir un jour un Père de la Mémoire. Aujourd’hui jeune homme, la fonction lui permettrait en outre d’acquérir les gages nécessaires pour demander la main de la belle Fassendre. Ce choix de vie ne convainc pas vraiment son ami et maître d’escrime Armand de Konsar, qui lui connait une âme d’aventurier. Arc-bouté sur sa décision, Valamon se prépare néanmoins à sa « communion ». Pourtant, le jour J, à la stupeur générale, il tranche soudainement la gorge du sanctificateur, en qui il a reconnu l’un des assassins de son père. En fuite, recherché pour ce crime odieux, il décide une bonne fois pour toute de faire la lumière sur sa destiné. Il part en solitaire vers Lha Ambro, capitale spirituelle de la contée. Mais la nouvelle du meurtre le précède, jusqu’aux plus hautes instances : il prouve en effet que Valamon serait un descendant oublié de Mniril de Voliandre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Valamon se présente comme une grande aventure, une superproduction de cape et d’épée, avec de fringants héros et de séduisantes héroïnes. Ce premier tome d’exposition est parfaitement construit, habilement rythmé et superbement dialogué… le synopsis manque juste cruellement d’originalité. C’est un peu la marque de fabrique du scénariste Nicolas Jarry : très pro, mais assez consensuel. Prévue en 5 tomes, la série propose en effet de suivre les aventures d’un jeune homme disposé à passer une vie pépère, mais qui est soudain appelé à suivre une destinée fabuleuse. L’ambiance est « médiévale décalée », c'est-à-dire pas fantastique, mais peuplée d’animaux imaginaires et régie par un nouveau culte. L’atout majeur de la série réside alors dans le graphisme de Reno (alias Renaud Scheidt) jusqu’alors dessinateur de la série les Womoks (série farfelue de SF chez Glénat). Les personnages aux traits doux (un style proche de celui de Virginie Augustin sur Alim le tanneur) évoluent sur des décors informatiques de toute beauté. Cela procure parfois le même effet de focales distinctes que pour les films d’animation, mais quel beau boulot ! Notamment la case géante page 27, remarquable, imposant le décor fastueux de Lha Ambro avec une extrême minutie. L’œil averti repère de ci-de-là les éléments copiés-collés, textures et duplications de zones… mais cela est infime et ne nuit en rien à l’exceptionnel travail graphique et au plaisir de l’œil. Un léger bémol, concernant le traitement des couleurs, dont la saturation contraste vivement, au point d’amoindrir parfois la lisibilité des cases.