L'histoire :
A la mort de Charles IV en 1328, c'est la panique au Royaume de France. Le Roi est le dernier représentant mâle des Capétiens directs. Il ne reste qu'Isabelle, fille de Philippe Le Bel et son fils Edouard III, roi d'Angleterre. Pour éviter que la couronne de France ne tombe aux mains des Plantagenêts, les Pairs de France ressortent cette bonne vieille Loi Salique, qui exclut toutes femmes de l'héritage. Les Valois, branche cadette des Capétiens, furent désignés. Pour asseoir leur légitimité, ils durent guerroyer face aux britanniques. Au prix d'une guerre de cent ans, ils remportèrent la victoire, gravée dans le marbre avec le Traité de Picquigny, le 29 août 1475. L'histoire commence ici, en 1493, avec Charles VIII, un roi jeune et ambitieux, sur le trône depuis 10 ans...
Barcelone, Royaume d'Aragon, juin 1493. Sous un porche, Luisa annonce à Blasco de Villallonga que son père a décidé de la marier à Carlos Manrique Lara. Blasco veut l'emmener loin d'ici afin qu'ils puissent vivre librement leur amour. Carlos, qui passe par là, ne l'entend pas de cette oreille et les deux hommes se battent épée à la main. Blasco assène un coup d'épée qui touche son adversaire au visage et s'enfuit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'Histoire (a fortiori de France) est l'un des grands dadas de Thierry Gloris, à l'image des Reines de Sang – Isabelle, la louve de France. Après ce diptyque réussi, le scénariste remet le couvert avec le même Jaime Calderon au dessin : Les Valois sont au programme. Loin de raconter l'histoire de manière rébarbative, le scénariste choisit un angle d'attaque narratif empreint de dynamique, comme pour mieux partager sa passion. Bien sûr, le travail de recherche historique laisse admiratif, tant dans la rhétoriques des textes que dans le souffle épique des voix off du récit – même s'il prend quelques libertés louables avec la « vérité ». Les personnages sont denses avec leurs mystères et leurs contradictions, les rebondissements foisonnent sur fond de manipulations politiques incessantes, montrant la fragilité des alliances conclues. Bref, Gloris tisse sa toile scénaristique avec brio et sans laisser le sexe de côté, comme il est coutumier du fait. Dans la lignée de sa précédente collaboration avec le français, Calderon pose quant à lui sa patte ibérique sur cette entrée en matière, avec l'élégance graphique qu'on lui connaît. Son trait raffiné est une réussite, avec des visages d'un réalisme époustouflant, des décors criant de vérité et des costumes d'une authenticité quasi-parfaite. Mais, rassurez-vous, avec cet album, les Valois n'ont pas livré tous leurs secrets !