L'histoire :
Maya travaille pour une société de livraison un peu spéciale : on lui confie un colis qu’elle doit transporter elle-même et remettre en mains propres au destinataire. On fait appel à ses services quand la poste locale est lente ou corrompue, que le colis est fragile ou précieux, ou même parfois quand l’adresse du destinataire est inconnue. Son entreprise garantit une livraison sûre dans le monde entier, en une semaine maximum : autant dire que les missions ne sont jamais de tout repos. Alors quand on lui confie la livraison à Crabe, elle n’a pas vraiment peur. Elle se renseigne sur sa destination, mais les rares sites qui en parlent rabâchent les mêmes miettes d’informations : elle y apprend qu’il y pleut beaucoup, que ça regorge de moustiques et que les accès y sont très restreints. Le site officiel n’aide pas, car il est en construction depuis 6 ans. A l’aide de ces maigres renseignements, elle essaie de prévoir le bagage adapté, en prenant notamment un petit carnet qui traîne. Ce sera l’occasion de tenir un carnet de voyage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tarmasz nous invite au voyage dans un pays imaginaire qui vit en autarcie complète. Après une traversée interminable sur un rafiot d’un autre âge et une lourdeur administrative qui vous dissuade de rentrer dans le pays, notre coursière arrive enfin sur les terres d’une monarchie autoritaire et paranoïaque. A l’instar d’un guide de voyage, elle décrit de manière exhaustive les mythes, les rituels, l’architecture ou encore la cuisine locale de Crabe. Même certaines espèces animales, type de champignons ou de végétaux, n’existent que dans ces contrées reculées. De ce pays qui apparaît figé dans le temps, où les habitants se déplacent à dos de logres et qui vivent essentiellement de la culture de l’oignon d’eau, se dégage cependant une certaine poésie : le dessin y est pour beaucoup. Tarmasz semble puiser son inspiration dans différents courants comme le cubisme, l’art maya ou même certains auteurs des années 1990 de la nouvelle bande dessinée. Les proportions sont rarement respectées, les lignes souvent irrégulières, mais cela donne au final un rendu original auquel on se familiarise assez vite. Le recours à une bichromie où le noir et le jaune s’entremêlent donne de la lumière à ce pays qui, de prime-abord, pourrait apparaître plutôt hostile. Pour singulariser la langue des escrabes, Tarmasz a recours à une typographie originale. Saluons également le travail de l’éditeur qui gratifie les tranches d’une jolie dorure, accordant à l’objet un certain prestige.
