L'histoire :
En compagnie de son amie Opera, Weëna a réussi à s'évader du palais de glace, où elle était tombée dans le piège de la vile ecclésiastique Keëtha. En revanche, elle ne sait pas vraiment si le mariage forcé d'avec le prince Morckoor, avorté à la dernière minute, a été validé. Désormais, Opera et Weëna voguent vers Opaloosa, et envisagent d'aller se cacher de Morckoor dans la gigantesque cité de Nym-Bruyn. Pendant ce temps, Gwylym a été promu d'un coup de simple soldat-berger à général en chef, pour avoir sauvé la vie de l'empereur. Il doit aujourd'hui diriger sa première bataille, face à des groupes de « barbares » – en réalité de pacifiques paysans indigènes qui défendent leurs terres. Il réalise alors qu'il n'a pas du tout envie de faire massacrer des innocents et refuse de livrer combat. Un de ses lieutenants lui inflige alors le châtiment réservé aux déserteurs : un grand coup de sabre dans le dos. Au terme de la sanglante curée, qui a tout de même lieu, Gwylym est laissé pour mort sur le champ de bataille. Au retour des hommes au campement, Miureal s'inquiète de ne pas le voir revenir. Le sergent l'informe alors qu'il est mort en lâche. Devant le désespoir ultime de la couturière – elle croit Weëna également décédée – le colosse lui propose de rester à ses côtés...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le cinquième opus de cette saga d'heroïc-fantasy attachante permet certes de faire sensiblement avancer les intrigues. Mais surtout, cet épisode a des allures de transition-bilan, afin de recentrer les personnages, leurs destinés tragiques, et de consolider plus encore leur capital sympathie. Si l'intention est bonne et nécessaire, ici encore plus qu'avant, les bons sentiments dégoulinent : dans Weëna, au bout du compte, tout le monde il est trop gentil. On se met presque à pardonner les barbaries des plus vils protagonistes (les circonstances atténuantes et les larmes de Morckoor, l'humanisme soudain du sergent), dotés de noms à faire 50 points au Scrabble. Une exception : le sorcier Haggral décuple seul son rôle de grand méchant. Au rayon des révélations, un large flashback permet à Miureal de divulguer son passé de super-nourrice : on apprend en effet, qu'elle a, comme par hasard, materné à la fois Weëna et Morckoor. Ça tombe bien, non ? A tous les coups ces deux-là finiront par se marier par consentement mutuel, histoire de terminer sur la note mielleuse de rigueur, tout en « enrhumant » la tragique prophétie. Le public jeune ou fleur bleu sera pleinement ravi de cette tournure ultra-romanesque. Visuellement, le dessin manga-typé d'Alice Picard est toujours très agréable à suivre, et se complète idéalement de la colorisation experte d'Elsa Brants.