L'histoire :
L’orc Wïnhbor fait encore et toujours le même terrible cauchemar. Il se revoit, enfant, dans son village terrassé par le redoutable dragon Wffnïr. Il se réveille un peu désorienté et c’est sa sœur Wïnhart qui lui rappelle, amusée, le rendez-vous de ce grand jour : après avoir fumé, les anciens vont confirmer les groupes de raids. Car c’est un rituel, chez les orcs : afin d’entrer dans l’âge adulte, il leur faut prouver leur vaillance lors d’un raid périlleux mené en groupe contre un clan rival, encadré par un orc expérimenté. Wïnhbor rejoint ses copains en retard ; et c’est donc en retard qu’ils écopent de leur mission contre le clan des deux vallées. Au terme de la cérémonie, Wïnhbor ne décolère pas. En effet, les anciens ont adjoint trois filles à leur groupe de mâles fiers et machistes. Dont sa sœur Wïnhart… C’est la honte ! Cela ne l’empêchera pas d’aller au bout de la mission divergente et secrète qu’il s’est fixé, et pour laquelle il a réussi à convaincre ses copains : tuer le dragon Wffnïr. Le lendemain, les groupes partent. Ils marchent non-stop à travers les steppes, les collines et les marécages, durant plusieurs jours. Ils ne s’arrêtent que le temps d’une chasse sur une meute de chevaux sauvages. Durant cette chasse, Wïnhbor est blessé à la tête par le sabot d’un cheval, que tue sa sœur. La honte continue… Finalement, Wïnhbor et ses copains annoncent leur scission à leur meneur : fi du clan des deux vallées, sus à Wffnïr. Apprenant cet objectif suicidaire, Wïnhart décide de les accompagner, pour « protéger » son frère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est devenu un rituel, au sein de la série Wollodrïn : chaque nouveau cycle en diptyque s’engage dans un contexte nouveau, mettant en scène des protagonistes tout beaux tout neufs. Tout juste a-t-on le sentiment d’apercevoir l’orc Hazngar (voir cycles 1 et 2) dans deux cases de la 4ème planche… mais en fait, c’est anecdotique et sans aucune importance (pour le moment ?). Après les nains, ce quatrième cycle remet donc en scène des orcs, dans une ambiance initialement fun, qui rappellerait presque les Trolls de Troy ! Organisés en clans, ces derniers obéissent à des mœurs sociales et familiales proches des ethnies précolombiennes. Pour problématique centrale : un rituel de passage vers l’âge adulte est effrontément dédaigné par l’impudent héros, au profit d’une vengeance personnelle contre un dragon ennemi. Evidemment, ça va mal se passer… En marge de cette intrigue parfaitement menée, les auteurs en profitent surtout pour étoffer leur enthousiasmant univers d’heroïc-fantasy. Sous les crayons de Jérôme Lereculey, les paysages sont grandioses et féeriques (surtout lors des trois scènes géantes et ultra-détaillées sur doubles pages panoramiques), les scènes d’action à couper le souffle… Cette veine d’excellence n’est pas nouvelle, mais elle perdure et c’est tant mieux ! La psychologie des personnages n’est pas en reste : le scénariste David Chauvel nous rend la fratrie Wïnhbor-Wïnhart d’emblée attachante et les relations entre les orcs (domination, manipulation) fascinantes et cohérentes. Bref, Wollodrïn repart sur de bonnes bases, vivement le prochain !