L'histoire :
En pleine tempête de neige, un petit hydravion se pose en catastrophe aux abords d’un port du nord de la Russie. Un vieil homme en sort et se rend d’un pas décidé jusqu’au bistrot local. Il demande à être conduit jusqu’à l’île d’Orbe… ce que tous les marins présents refusent, quelque soit la rétribution, en raison de l’exécrable météo. Une jeune femme, Yiya, propose toutefois son « fiancé » Rogo : il suffit juste de payer sa caution pour le faire sortie de taule, car il s’est encore bagarré la veille. Le vieil homme, qui s’appelle Shun, est très pressé : l’affaire est donc rapidement conclue avec les autorités locales. Rogo, qui est plus le tuteur adoptif de Yiya que réellement son fiancé, embarque donc Shun sur son bateau de pêche, toujours à travers la tempête de neige. A un endroit précis, Shun demande à ce qu’on s’arrête : il lui faut plonger pile ici en scaphandre, à la recherche d’un trésor. Rogo tente bien de l’en dissuader : c’est du suicide, par cette houle et ce froid. Mais Shun est buté et borné : il monnaye cette plongée contre le saphir qu’il porte au doigt. Or à ce moment, une mauvaise vague secoue le bateau et Shun se fracasse le crane. Il est mort. Rogo décide donc de plonger : la promesse du trésor a raison de sa prudence. Il ne remontera pas, laissant Yiya seule à bord…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Daniel Pecqueur, le scénariste de Golden city, Golden cup et Arctica, propose ici une nouvelle série d’aventures fantastiques et ultra-dynamiques. Les aventures de la jeune héroïne Yiya sont en effet largement rocambolesques, mais en matière de divertissement ça n’est pas ce qu’il y a de plus grave. Ce qui gène le plus, c’est la facilité avec laquelle les problèmes se résolvent ou s’amoncèlent, au détriment de la cohérence narrative. On sent bien que Pecqueur tient à un mener un rythme trépident à son (jeune) lecteur, mais les évènements s’enchainent vraiment de manière trop linéaire (et quand bien même il y a un flashback), nous emmenant toujours plus loin dans l’aventure. Du grand nord russe contemporain (quoique légèrement anticipé), on bascule dans un monde décalé proche de l’heroïc-fantasy. Avec cette recette, par un biais fantastique qu’il nous reste encore à déterminer dans les tomes à venir, le périple de Yiya peut ainsi couvrir un très large prisme de contextes. Et c’est d’ailleurs ce qui est prévu : chaque tome devrait se dérouler dans un univers différent (le tome 2 est d’ores et déjà calé sur le contexte de la première guerre mondiale). Pecqueur ne s’embarrasse guère non plus d’une psychologie de personnages très réaliste. Toujours très bavards, les héros font tout le contraire de ce qu’ils avançaient la seconde d’avant (Rogo qui plonge) ou montre une affliction flexible à souhait. Bref, on se contera d’assouvir nos mirettes avec le joli dessin de Vukasin Gajic (frère d’Aleksa). Le dessinateur serbe a visiblement soigné cet épisode pilote dans ses moindres compartiments. Profondeur des plans, décors variés et détaillés, gros boulot sur les ambiances et les effets numériques savamment appliqués… Du grand spectacle, donc, qui manque juste cruellement de consistance.