L'histoire :
Dans l'état de Floride où la délinquance sexuelle, et en particulier la pédocriminalité, ont explosé, une nouvelle loi est entrée en vigueur. Les délinquants qui pont purgé leur peine de prison doivent habiter à une distance minimum de tout établissement accueillant des enfants, et être localisés par les autorités. Contrition est un quartier où se regroupent tous ces ex-condamnés, dans le comté de Palm Beach. Cette nuit-là un incendie survient dans la maison de Nowak. Son corps calciné est retrouvé assis dans la cuisine, une bouteille d'alcool encore debout sur la table. Marcia est journaliste pour le quotidien local. Elle se rend sur place, croise le shérif qui l'a prévenue, le révérend Shaw et quelques voisins. Autour d'un café, le lendemain, un des pompiers qui étaient sur place lui confie ses doutes sur ce qui ressemble à une mise en scène trop parfaite d'un suicide. Elle retourne sur place prendre des photos, se confie à son patron qui n'a pas trop envie de créer des problèmes à la police locale. Lorsque le résultat de l'autopsie tombe, l'affaire prend une autre tournure : le corps trouvé sur place n'est pas celui de Novak, mais celui d'un dénommé Olaf Gordon. Marcia décide de se plonger dans l'enquête. Pourquoi cette mise en scène ? Qui aurait intérêt à faire croire à la mort de Novak ? Et d'ailleurs où est-il ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce régal de polar noir parfaitement captivant dévoile un talent de scénariste assez incroyable chez Carlos Portela, assez peu connu en France. Apparemment actif dans le monde des séries télé, ce dernier semble en tout cas né pour faire de la bande-dessinée. La construction de l'enquête de Marcia, combinée aux difficultés de sa vie de famille, aboutissent à un résultat passionnant. Il y a plein d'angles différents, des dialogues très justes et beaucoup de surprises bien amenées. Le style graphique et le tempo sont très américains, les plans lents se succèdent parfois pour installer une ambiance, comme lorsque Marcia prend sa voiture au milieu de la nuit pour se rendre sur le lieu de l'incendie. Sur plus de 150 pages, le dessinateur Keko – espagnol lui aussi – produit un beau noir et blanc aux limites du réalisme, avec de belles techniques de trame pour construire des images de quasi obscurité qui renforcent le suspense de cette histoire dense. Aucune violence n'est exposée dans cet album pourtant très noir. On ne le réalise qu'après la lecture, tant la puissance et la tension du scénario ne rendent absolument pas nécessaires des effets supplémentaires. On ne tombe pas souvent sur un one-shot aussi accrocheur et aussi bien foutu de la première à la dernière page. La couverture est probablement un peu trop intello en apparence, pour laisser deviner ce qu'on va découvrir. Même si sa froideur et ce personnage inquiétant avec son polo rayé accrochent l'œil. Ça serait dommage de louper ça !