L'histoire :
Julien Yanga joue au Racing, mais il vient de prendre sa retraite de sa carrière internationale. Il en profite pour revenir aux sources dans son pays le Congo. Dans l'avion, tout le monde le reconnaît et lui parle de ce fameux essai mémorable qu'il a marqué en équipe de France contre l'Australie. C'était une action tellement incroyable qu'on l'a appelé « l'essai du bout du monde ». Arrivé à l'aéroport, Julien comprend que rien n'a changé. À la douane, c'est la corruption qui règne : il faut payer pour n'importe quel vaccin non fait ou laisser les cigarettes aux gendarmes pour qu'ils fument. Après ces mésaventures, Julien retrouve Kaddy qui l'amène en voiture. Il lui révèle qu'il veut absolument revoir le Kinshasa Rugby Club...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste de Madame Livingstone s’intéresse cette fois au rugby. Dans cette petite histoire qui mêle le sport à haut niveau et la vie quotidienne, on plonge dans la réalité de l’Afrique et du Congo. Pendant la moitié de l’album, Julien va tenter de retrouver ses anciens partenaires de rugby, véritable plongée dans les lieux les plus insolites. Certains sont tombés dans l’enfer de l’alcool, d’autres font des business troubles et l’un d’entre eux est même devenu prêcheur ! Ces rencontres et le rugby sont autant de prétextes pour dépeindre la réalité de l’Afrique, celle où les gens tentent de survivre par n’importe quel moyen, dont la corruption. Avec une justesse de ton étonnante, Christophe Cassiau-Haurie ose montrer les dessous du continent. Sans verser dans le fatalisme ou le dramatique, l’auteur utilise l’humour noir (sans mauvais jeu de mots) et le ton est souvent léger et agréable. Le tome est presque trop dense et on en oublie la profondeur des personnages. La deuxième partie est beaucoup moins forte : l’évocation du rugby et l’importance du match sont trop rapidement expédiés, même si la fin réserve une belle surprise. Le scénariste est accompagné du dessinateur congolais Tshitshi. Même si le trait manque parfois de dynamisme et notamment dans les scènes de match, le graphisme est plutôt réussi. En effet, les couleurs à l'aquarelle sont pleines de douceur et de puissance et l’ensemble reflète bien le ton chaud de l’Afrique. Là encore, le dessin identifie mal les différents personnages, mais l’ensemble reste très agréable. Cette histoire simple et sans prétention a le mérite de montrer la beauté et la complexité de l’Afrique d’aujourd’hui.
