L'histoire :
Le 25 mai 1952, à l’aube, le jeune docteur Bombard et son ami navigateur anglais Jack Palmer sont entourés d’une nuée de journalistes, sur une plage de Monaco. Ils s’apprêtent à partir en mer sur un simple canot pneumatique baptisé L’hérétique pour une expérience physiologique de survie inédite. Sans embarquer ni vivre ni eau potable, en « mode naufragé », ils se proposent en effet de traverser la Méditerranée, voire l’Atlantique. Ginette, la fiancée enceinte de Bombard est terrorisée, mais son époux est bien décidé. L’heure du départ a sonné : un croiseur américain les remorque au large, afin que les vents contraires ne les rejettent point sur les rives. Enfin seuls au milieu de l’immensité maritime, ils jettent à l’eau leur ancre flottante. Cet outil simple leur permet de freiner la dérive vers la côte et de filtrer l’eau de mer pour récupérer du plancton… soit leur repas ! Pour éviter la déshydratation, ils boivent de l’eau de mer : en toute petite quantité, elle n’est pas toxique. La nuit, ils se relaient pour tenir la barre et conserver leur cap. Après 2-3 jours de « navigation », les premiers signes de fatigue due à la sous-alimentation se font sentir. Ils aperçoivent toutefois au loin le phare de Camarat qui les encourage dans leur progression…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour les réunionnaises éditions Des Bulles dans l’Océan, Sébastien Gannat adapte en BD le récit Naufragé volontaire paru en 1953, dans lequel le Docteur Bombard raconte son incroyable et authentique expérience menée en mer l’année précédente. A l’époque, contre l’avis de tous, ce biologiste passionné par la survie en mer avait en effet réussi une traversée de l’Atlantique en solitaire sur un canot de sauvetage pneumatique, sans autre eau et nourriture que celles que lui procurait l’océan. Un périple qui dura… 65 jours ! Folie suicidaire ou exploit humaniste ? Cette performance avait aussitôt soulevé hommages et polémiques. Elle reste aujourd’hui inégalée, sans doute pour longtemps inscrite à la postérité. Elle a en tout cas permis d’établir de nombreux principes de survie en cas de naufrage, tant physiologiques que psychologiques, des leçons qui ont depuis lors sauvé des vies. Préfacée par Guillaume Bombard (fils d’Alain) l’adaptation de Gannat est plutôt partisane de cette prouesse, bien qu’elle s’intéresse à la fois à ses contradicteurs qu’à la progression réelle de l’aventure. Suivant le journal de bord de Bombard, elle débute le matin du premier départ – avec l’anglais Palmer de Monaco – pour se terminer avec l’arrivée antillaise du docteur et son focus médiatique. Entre temps, on angoisse à merveille aux côtés de Bombard dès qu’il faut écoper le zodiac empli à ras-bord d’eau de mer (avec son chapeau) ou échapper à un requin obstiné… Selon un dessin semi-réaliste simple et coloré, mais régulier et fluide, la BD se montre relativement exhaustive sur tous les aspects du périple : soucis de mécénat, brouille avec Palmer, paramètre familial, relation entre l’état de santé et le moral.