L'histoire :
Dans les années d’après Seconde Guerre Mondiale, le malgache Tangala tient une boutique de beaux articles de Paris à Tananarive, capitale de Madagascar. De fait, il commerce essentiellement avec les Vazahas (les blancs) et s’indigne donc que son frère Zara et sa sœur Aïna parlent parfois malgache devant eux. De temps en temps, leur ami Séverin, fils de colon et compagnon de guerre de Tangala, leur rend visite. Ils passent de bonnes soirées ensemble, sans le moindre rapport dominant-dominé, en caricaturant leurs conditions respectives. Ce faisant, Séverin s’entiche de la sœur de Tangala et il l’avoue un soir à Tangala. Tangala lui rétorque que c’est un amour impossible, qu’en raison de leurs origines antinomiques, ce serait la mettre en danger. Les deux amis se quittent brouillés. Et tandis que Séverin sombre dans l’alcool pour le restant de la nuit afin de ruminer cela, Tangala découvre en rentrant chez lui que Zara a sûrement rejoint le groupe armé des indépendantistes malgaches. Le lendemain matin, Séverin vient parler à Aïna, mais il n’a pas dessaoulé. Zara intervient de manière musclée et Séverin est malmené. Il va commencer à nourrir sa haine envers la famille de Tangala, encouragé par un autre colon qui voit dans ce problème l’opportunité de faire un coup politique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le diptyque mis au point par mOTUS (au scénario) et Tojo (au dessin) se sert d’une tragédie familiale romancée pour décrire la société malgache à l’époque charnière des années qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Nous nous situons ici juste avant les insurrections de mars 1947, qui aboutirent à l’indépendance de l’île. Deux héros mèneront les débats : le malgache Tangala et le français Séverin. Bien qu’éduqué à la mode occidentale, bien qu’ayant servi sous le drapeau bleu-blanc-rouge lors du déparquement de Provence, bien que frère d’arme du blanc Séverin, l’indigène Tangala a la pleine conscience de la domination abusive des français sur leur île. Cette mentalité colonialiste est la cause première de la spirale infernale et dramatique dans lequel lui et ses proches vont sombrer. La mécanique des frères ennemis est certes un classique dans ce genre d’intrigue, elle s’avère néanmoins idéale pour magnifier le propos historique. La maîtrise du joli dessin réaliste mis en place par Tojo s’imposait ; ses cadrages soignés et son rythme séquentiel prenant lui confèrent un accès grand-public. Ce récit entremêlé d’aventure, d’Histoire, de drame et de politique se place très logiquement dans le catalogue de l’éditeur « local » Des Bulles dans l’Océan.