L'histoire :
En 1946, sur l’île de Madagascar colonisée par l’Etat français, le commerçant natif Tangala est tombé bien malgré lui dans un piège fatal. En effet, son ami blanc Séverin est tombé amoureux fou de sa sœur Aina, mais cela n’était pas réciproque. Tombé dans un guet-apens nocturne, Séverin a alors été défiguré par des bandits, d’un coup de couteau allant de la bouche jusqu’à l’oreille ! Il est persuadé qu’il doit cette attaque à Tangala. Or c’est son « ami » blanc Dambroise, raciste et colonialiste, qui a fomenté ce coup. Tangala a alors été arrêté, jugé et condamné à mort… Et depuis les barreaux de sa cellule, il a vu Séverin savourer sa revanche en s’alliant de force avec Aina. C’est alors que son frère, Zara, appartenant à un groupe d’activistes indépendantistes, lui a permis de s’évader. Tangala est désormais un fugitif avec une seule obsession : délivrer Aina. Après avoir erré plusieurs dans la forêt primaire, Tangala est recueilli par un couple d’américains, des expatriés discrets… (parents de Bonnie and Clyde). Ils lui permettent de se remettre de ses aventures et de préparer sa vengeance. Quelques jours plus tard, Tangala est ainsi de retour en ville. Il rend nuitamment visite au juge qui l’a condamné, pour connaître la nouvelle adresse de Séverin. Puis c’est au père de Séverin qu’il rend ensuite visite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs mOTUS et Tojo poursuivent ici l’aventure fictive de Mangala, sur l’île de Madagascar en 1946. De simple commerçant sans histoire, ce jeune malgache se retrouvait à la fin du tome 1 condamné à mort pour une agression au couteau sur un colon français, une agression qu’il n’a pas commise. Evadé, il passe donc la majeure partie de ce tome 2 en tant que fugitif et ennemi public numéro un, à fomenter sa vengeance. Ce faisant, les auteurs offrent au lecteur un tourist-tour de cette île incroyable (la 5ème plus grande île de la planète !) dotée de paysages grandioses, d’espèces animales et végétales uniques, d’une société multiculturelles en raison de son Histoire, de ses ethnies aussi diverses que son tissu urbain. Evidemment, le sujet central demeure les tensions indépendantistes / colonialistes malgaches : en 1946, l’île est encore sous le joug français. Au racisme le plus crasse qui régit les mentalités blanches, répond l’activisme violent des autochtones (qui aboutira à l’indépendance en 1960). La spirale tragique shakespearienne est assez classique – rappelons que la problématique découle d’un amour forcé, à sens unique, et d’une frangine à délivrer. Le récit est rythmé, les séquences diversifiées, tandis que le dessin inégal montre par moment de sacrées chouettes dispositions réalistes pour la composition des cases et les postures des personnages. Malgré le final, qui clôt définitivement un élément important de l’intrigue, un tome 3 est à venir…