L'histoire :
Berlin-Ouest. Otto, policier infiltré du Bundeskriminalamt, a rejoint les très ésotériques disciples de Bhagwan Shree Rajneesh. Il piste un dénommé Wolfgang Preuss, le rejeton mal élevé d’un juge qui s’était mis à écrire des tracts et à confectionner des bombes artisanales. D’après Friedrich Wittin, son officier traitant, il s’est pourtant repenti, troquant le flingue pour le moulin à prières. Mais sans qu’Otto ne comprenne pourquoi Wittin voulait à tout prix la tête de Wolfgang. Le plan est simple : Otto déniche le gamin et Wittin s’occupe de son arrestation. Mais ce n’est pas facile, car dans la communauté, tout le monde a la même dégaine. De son côté, Wittin rencontre le juge Preuss pour lui faire part des avancées de l’enquête. Son fils demeure introuvable. Mais l’objet de sa venue ne se cantonne pas à cette affaire. Un procès que le juge instruit s’enlise. Le 4 juin 1974, Ulrich Schmücker a été assassiné dans une forêt de Berlin Ouest. Il était membre du Mouvement du 2 juin. Le meurtre a tout d’une exécution sommaire car, en plus d’être militant dans les milieux gauchistes, il était informateur du Verfassungsschutz. Bientôt deux ans que ça s’enlise. Il ne voit pas le bout du tunnel. Le témoin central est calamiteux. C’est un drogué, un alcoolique. Pas simple de condamner quelqu’un sur de simples allégations. Wittin espère qu’Otto va le mener sur une piste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec le Théorème de Karinthy tome 2, il faut s’accrocher. Cet album mérite bien plusieurs lectures pour être appréhendé dans sa globalité, tant son approche politique est complexe. Une fois passé cette barrière contextuelle, le récit prend une ampleur évidente. Pour mieux s’imprégner de cette atmosphère, il convient de se replonger dans l'époque. Par exemple, regarder la série Deustchland 83 et des films comme Les Trois Vies de Rita Vogt de Volker Schlöndorff ou encore La Bande à Baader d’Uli Edel. Comme dans le premier tome, Jörg Ulbert développe une narration séquencée autour de 9 chapitres et d’un épilogue ouvert. Il détaille minutieusement les pièces du puzzle, lentement mais sûrement. On se perd quelquefois dans les méandres d’une action posée, mais l’intérêt du récit demeure. C’est un vrai ouvrage politique qui met en lumière le début des années 80 et son terrorisme d’extrême gauche, les fameuses années de plomb qui ont gagné l’Europe (Action Directe en France, les Brigades Rouges en Italie…). Jörg Mailliet restitue parfaitement le climat tendu qui régnait dans ce Berlin coupé en deux. L’ambiance des bars enfumés, l’alcool qui coule à flot, la jeunesse qui rêve de refaire le monde, les armes à la main. Les visages sont mieux exécutés que dans le premier album où une certaine nébulosité faciale sautait aux yeux. À lire en musique en écoutant la playlist détaillée en fin d’album. Toute une époque !