L'histoire :
C’est à Nanterre, symbole de la crise universitaire des années 60, que tout commence. La génération baby boom encombre les amphis de la France entière et Paris déborde littéralement. Dans la résidence universitaire, trois courants gauchistes peu représentés mais très actifs sont à l’œuvre. Les Trotskistes qui préparent la révolution, les Maoïstes qui ne voient que par le prolétariat pour soulever le peuple, et enfin les anarchistes qui prônent l’autogestion à tous niveaux. Louis, étudiant à la Sorbonne, regarde tout ça de loin, concentré sur ses études, il se tient loin de l’agitation de la fac en travaillant chez lui. Georges, un copain de Nanterre, passe parfois squatter et lui donne des nouvelles du terrain. Anarchiste, rouquin et dragueur invétéré, il profite de sa vague ressemblance avec Cohn Bendit pour battre des records d’érotisme. Un de ses faits d’arme est d’avoir contribué en 67 à obtenir le libre accès de la résidence des filles de Nanterre. Dans les années 60, la grande majorité des français a encore les codes moraux des années 40, comme si la pensée avait oublié de se moderniser à la même vitesse que le monde. Alors en France, tout le monde s’ennuie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec sa couverture sans équivoque, Mai 68, histoire d’un printemps, revient sur un des moments fondateurs de la France d'aujourd'hui. Toujours vivace dans la conscience collective, les « événements » – comme ils étaient pudiquement nommés – sont la contribution nationale à la poussée Flower Power mondiale de l’époque. Arnaud Bureau, historien et spécialiste du sujet, scénarise de l’intérieur la succession des phases qui ont fait de cette période ce qu’elle fut : une « révolution soufflée », mais une révolution quand même ! Parfaitement documenté, le récit progresse en étant raconté par des narrateurs fictifs et représentatifs de la période. Le trait très Scott-Mac-Cloudisé d’Alexandre Franc renforce le didactisme de la démarche et accompagne le rythme de sénateur de la mise en scène. La colorisation bleu blanc rouge noir et gris achève le tableau en donnant une dimension Que sais-je ? à cet album qui sera passionnant pour les uns et barbant pour les autres. 50 ans après, le mythe est toujours là. Il est remis sur le tapis fort à propos, à dessein ou par utilité publique, mais il est toujours aussi prégnant dans les avancées qu’il a amenées. Si on oublie tous ceux qui ont retourné leur veste, ce fut un moment où les français furent tendus vers une cause. Depuis, l’élastique a cassé, il est bon de le rappeler.