L'histoire :
Dès l’âge de neuf ans, en 1902, la jeune Marguerite Broquedis se montre très habile avec une raquette au jeu de paume. On conseille à son papa de lui apprendre le lawn-tennis – le tennis sur gazon, alias le tennis d’aujourd’hui. En 1910, un jeune journaliste nommé Jules Fallières se fait embaucher à la rédaction parisienne de La vie au grand air, pour couvrir la rubrique sportive. Son directeur le bizute en lui demandant d’aller acheter une bouteille de cognac, puis en lui confiant un reportage sur un truc qui n’intéresse strictement personne : la finale du tennis dames à Dieppe. Le lendemain, Jules découvre ce sport et fait de son mieux pour s’y intéresser. Le match oppose la française Broquedis à l’anglaise Nutcombe-Quike. Le match est très disputé. Et à la fin, c’est Marguerite Broquedis qui l’emporte. Jules essaie alors de décrocher une interview de la jeune femme, mais il se fait rembarrer par son père. Il écrit néanmoins son article le lendemain, en choisissant ses mots pour faire vibrer les lecteurs… Mais son rédac chef lui savonne le boulot et réduit son article à l’annonce factuelle du score. Jules tente de faire savoir son mécontentement… il est aussitôt muté aux rotatives, en tant que lynotypiste. Cependant, un intérêt pour le tennis est né en lui. Et notamment pour le tennis féminin. Et notamment pour cette Marguerite Broquedis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le grand-public connait plus facilement Suzanne Lenglen que Marguerite Broquedis, qui fut pourtant sa précurseur dans le milieu du tennis – notamment parce qu’un court à Roland Garros porte son nom. La française Marguerite Broquedis a cependant été l’une des pionnières en matière de sport féminin : la première à reléguer au vestiaire les tenues élégantes mais peu pratiques, à se couper les cheveux courts ou à venir récupérer son trophée en… pantalon ! (wow scandale !) Elle milita aussi, avec succès, auprès du baron de Coubertin pour l’entrée du tennis féminin aux Jeux Olympiques. Elle fut ainsi la première française championne olympique, à Stockholm, en 1912 (médaille d’or). Plus qu’une biographie, cet ouvrage scénarisé par le journaliste Paul Carcenac (au Figaro) insiste donc sur la dimension culturelle et féministe du personnage. Pour la narration, Carcenac s’appuie sur un jeune journaliste (sans doute) fictif, qui se fait le relai pragmatique entre la pratique et sa popularité croissante au début du XXème siècle. Le dessinateur Fabien Ronteix – qui s’était déjà occupé de Bernard Hinault – met en images l’affaire de manière semi-réaliste, expressive et très colorée, sans trop insister sur les décors (souvent des dégradés). En contrepartie, il met en scène les échanges de balles de manière dynamique et plutôt fidèle aux réelles postures du tennis. Et vue la technicité subtile de ce sport, ça vaut un match remporté au jeu décisif sur un point boisé-let-ligne.
