L'histoire :
Alexandra est étudiante à la faculté de Madrid. Elle est passionnée par la littérature, une fidèle lectrice du fanzine de l’université Le jardin métallique. En conflit avec ses parents, en raison de l’absence de son père et de la passivité de sa mère devant la situation, Alexandra se réfugie souvent à la bibliothèque au milieu des livres qu’elle dévore littéralement. De son côté, Julio est un étudiant qui se cherche. Il étudie dans la même université qu’Alexandra et comme elle, il est passionné par la littérature. Repéré pour son écriture, il est chroniqueur de la rubrique littérature dans le fanzine de l’université. Son père est fonctionnaire et il a postulé pour un nouveau poste à Saragosse en Aragon, à plus de 300 km de Madrid. Toute la famille se réjouit de partir, sauf Julio qui doit laisser derrière lui ses amis, le fanzine avec l’histoire qu’il écrit, chapitre après chapitre, numéro après numéro, Naufragés. A l’annonce du déménagement à son ami Sergio, il fait la rencontre d’Alexandra. Il y a comme une alchimie entre les deux étudiants. Poussée par la même passion, leur histoire d’amour va être forte et sans compromis, jusqu’au départ de Sergio pour Saragosse. La distance va avoir raison de leur relation. Mais coup du sort, ces deux êtres vont se retrouver dix années plus tard à Barcelone...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album, Naufragés, est un très beau récit d’un acte manqué. Celui d’un homme qui, en dehors d’une relation amoureuse interrompue lâchement, s’oblige à vivre une vie qu’il n’a pas choisi. Et comble du sort, il rencontre de nouveau Alexandra dix ans plus tard, alors que sa vie est un véritable fiasco dont il accepte l’issue avec fatalité. Le scénario de Pablo Monforte est criant de vérité et certainement très parlant pour chaque lecteur. Il y a de ces rendez-vous manqués qui nous reviennent à l’esprit par moment, avec un sentiment d’inachevé idéalisé. La force des premiers amours, ceux que l’on garde au fond de nous, car ce sont eux qui nous ont forgé. Ce sont des relations dans lesquelles nous avons tout donné, tout de suite, sans se préoccuper de la douleur de l’abandon. Ce sont aussi celles qui nous ont détruit, celles qui nous ont obligé à nous protéger derrière une carapace plus ou moins lourde, pour ne plus ressentir cette douleur au plus profond de nous. Et comme dans tout souvenir parfois difficile, on ne se souvient que du meilleur, l’idéalisation des sentiments et le goût éphémère de la fraîcheur des prémices d’une relation. Au niveau du dessin, Laura Perez, dans un trait semi réaliste ajoute une petite touche féminine toute en rondeur et en délicatesse. Construit sur une sorte d’analepse, où l’histoire commute d’une période à l’autre et d’un personnage à l’autre tout au long du récit, cet entremêlement d’époques et de personnages est admirablement bien guidé. Aucun risque de se tromper d’époque, car la colorisation aide le lecteur à se repérer. Une colorisation générale dans les tons orangés pour l’histoire se déroulant dans les années 80 et dans les tons bleus pour les années 90. Une astuce technique sympa pour éviter de perdre le lecteur.