L'histoire :
Un matin comme les autres, un policier motard se réveille, petit-déjeune et rejoint son affectation, sans se douter qu’une simple arrestation pour excès de vitesse allait changer le cours de son destin. Quelques années plus tard, Don Enzo Constanza, vieux parrain de la pègre d’origine sicilienne, arrive au crépuscule de sa vie. Or il apprend par son homme de main Luigi qu’un de ses « magasins » est en train de brûler. Sept victimes sont à déplorer. Constanza est persuadé que cette basse attaque vient de son rival Santini, et non du syndicat russe. Cet enfoiré de Santini a décidé de précipiter le contrôle de la ville sans attendre sa mort. Constanza savait que ce genre de coup bas finirait par venir. Il donne aussitôt ses instructions, écrites de longue date, à Luigi, et décide du tiers bouc émissaire : ce sera le latinos « Manny » Reyes. L’heure de la vendetta a sonné. Et que cela ne l’empêche pas d’organiser la soirée d’anniversaire prévue, elle sera en outre fort utile en tant qu’alibi, tandis que ses hommes s’emploieront à dérouler le plan meurtrier. Primo, un flic corrompu est contacté. Deuxio, l’acteur porno vedette qui fait les choux gras de Santini est enlevé, laissant son équipe de tournage un studio transformé en bain de sang. Tertio…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En noir et blanc, à mi-chemin entre le format BD et le format comics, ce one-shot venu d’Espagne narre l’histoire d’un règlement de compte mafieux entre « familles » sur le territoire américain. Cela sous-tend évidemment des flingages massifs et contemporains, avec leur lot d’hémoglobine, de sexe, de trahisons et de cruauté. La narration de Julio Videras commence par cloisonner les séquences dans des chapitres indépendants – une arrestation qui tourne au vinaigre, le vieux mafieux, le flic ripoux, l’acteur porno… Puis dès le début du deuxième tiers de l’album, ces séquences finissent par former un tout, à l’exception de la scène d’introduction, fondatrice bien que toujours énigmatique. Bien que rien ne soit moral, le lecteur prend plutôt partie pour le vieux parrain, parce que sa vendetta est présentée sous un jour légitime… mais une pirouette finale bouleversera l’ordre des choses. Classique dans sa construction, ses personnages archétypés et ses ressorts narratifs, ce polar hard-boiled de 67 pages est cohérent, à défaut d’être original. Il s’appuie sur un dessin infographique de Karles Sellès un peu « crade »… mais là encore, ce parti-pris colle plutôt à l’ambiance de fond, donc il n’y a pas de quoi s’indigner.