L'histoire :
La jeunesse du jeune H.P.Lovecraft a souvent été travestie de maintes manières : façon Indiana Jones, par exemple, ou encore pire, lolita… Bref, la jeunesse du jeune H.P.Lovecraft n’a jamais été envisagée sous l’angle le plus élémentaire de la normalité. Une évidence que les pages qui suivront s’attacheront à réparer. Tout d’abord, le jeune Howie n’avait rien d’un monstre de la nature. Et comme tous les enfants d’apparence chétive et banale, il se faisait raquetter son argent ou son déjeuner à la récré. C’est qu’il avait beau tenter d’effrayer ou mettre en garde verbalement le Big Joe, l’histoire se terminait toujours de la même façon : très mal pour lui... Mais le jeune Howie possédait malgré tout quelque talent. Il connaissait la magie ! Revêtu de sa robe de sorcier, il fit ainsi apparaître le puissant œil du terrible Rammenoth ! Bon, le résultat ne fut pas vraiment à la hauteur. En tout cas, pas de suite. Car après quelques facéties et mécompréhensions, l’iris fera enfin parler sa fulgurance et expédier l’outre-mangeur sur la lointaine planète Nascaride...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un nouvel éditeur figure depuis peu aux rayons des librairies hexagonales : les éditions Diabolo. Nées en 2006 en Espagne, après avoir essaimées tout d'abord outre-atlantique, elles franchissent donc aujourd'hui la barrière des Pyrénées, armée de deux titres phares comme bagage : Pornographique de Nacho Casanova et Le Jeune Lovecraft de José Oliver et Bartolo Torres. Ce dernier, premier album de trois parus jusqu'à présent, propose un format poche et se compose de la succession chronologique de strips de trois cases (majoritairement), à la manière invariable d'un classique revisité. De ton humoristique, voire sarcastique, l'esprit serait proche de celui d'une série telle Donjon, mieux connue chez nous. D'accès aisé, le pitch reprend l'idée du fantasme autour de l'enfance « difficile » d'un personnage devenu célèbre. Rien de très original en soi, mais lorsque on pense à la personnalité contrariée d'un écrivain si majeur – et barré – que H.P.Lovecraft, il y a de quoi gamberger pas mal ! Le résultat est en tout cas convaincant, mêlant sentiments bon enfant et vignettes sanguinolantes. Le génie incompris se révèle ici sorcier en herbe et expert ès psychologie du vivant et des morts, sans exclusivité de genre, race ou espèce que ce soit ! Réel succès public qui motiva ainsi la parution d'une suite, l'album s'adresse à un très large lectorat de la prime adolescence à la tombe. Nul doute qu'il trouvera sous nos latitudes un accueil comparable, pour peu qu'il soit un rien exposé et que le bouche à oreille fonctionne. Amateurs de billets d'humeur et de traits cinglants, jetez-y un œil, vous ne devriez pas le regretter...