L'histoire :
Tout est foutu. Depuis quelques temps, le bras de l’époux de Margarita n’arrête pas de rétrécir. Peut-être faudrait-il qu’il voit un médecin ? Mais cette incongruité n’est pas la seule survenue ces jours-ci. Le visage de leur fille Joséfina se couvre d’écailles ; en vrai ou en rêve, Margarita mange ses amants qu’elle aurait assassinés au préalable ; et le petit chien Gaspar qu’il a récemment acheté a des jambes de bébé à la place des membres inférieurs et un vagin qui parle sur le ventre. Le vagin dit ainsi se nourrir des défections canines de son hôte ! Mais cela n’est rien, comparé au petit ami de Joséfina : Armando dit être un alien, ex-tolard et zoophile, doté un double pénis géant. Il est vieux, se promène en Marcel et c’est le directeur de son école ! Puis arrive le frère du vagin du chien. Lui aussi a colonisé le corps d’un hôte, humain cette fois. Tout cela n’est-il qu’hallucination ? A voir le visage en forme de couille d’Hector, un copain de lycée de Joséfina, on aimerait le croire. Ou alors c’est que tout est foutu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Spécialisées dans la traduction d’auteurs espagnols plus connus par-delà les Pyrénées, les éditions Diábolo nous proposent cette fois de découvrir l’univers de Francisco Alcázar, « l’un des auteurs les plus personnels, originaux et suggestifs de la BD espagnole actuelle » (sic). En effet, on ne saurait que trop mettre en garde le lecteur face à un album décousu, affreusement noir – voire corrosif – et sans-queue-ni-tête. Le réquisitoire peut paraître lourd, mais expliquons-nous. Le manuel de ma tête réunit différentes histoires publiées par l’auteur pendant près d’une décennie dans diverses publications. Prétendument inspiré par l’approche de Daniel Clowes, Francisco Alcázar met en scène son imaginaire peuplé des caricatures humaines et animales, aux têtes et membres difformes, qui eux-mêmes donnent naissance à d’autres ersatz, clones ou aliens, qui mangent leur défection, parlent par vagins interposés, s’insultent et se trucident indistinctement, etc. Tout est cru et noir, surtout sans espoir de trouver le moindre début d’une esquisse de cohérence là-dedans… Sans qualité graphique notable, on ne rit ni ne sourit ou encore moins ne jubile d’ironie. Bref, on en ressort complètement hagard, révulsé, voire indigné. Presque furieux d’avoir dû aller au bout de cet ovni torturé et de n’avoir rien compris. Pas même son humour noir. Peut-être la réponse réside-t-elle – pour partie – dans d’autres publications de l’auteur ? Si les éditions Diábolo y reviennent, alors pourquoi pas… mais pas cette fois !