L'histoire :
En 1921, alors que l’Espagne commence à se diviser, le jeune Lorenzo Pascual Monteno coule une vie paisible dans la campagne de Zamora. Il aime particulièrement suivre son père le jour du marché, car les taureaux le fascinent. A tel point qu’un jour, il joue avec une jeune bête comme s’il était un torero. Malheureusement, sans expérience, il se fait très vite piétiner. Pourtant, il n’abandonne pas son rêve et continue de suivre de près les bêtes de son père. Un jour, son oncle de Madrid lui propose de venir dans la capitale pour aller voir un spectacle de tauromachie dans Las Ventas, une célèbre arène de Madrid. Le jeune homme découvre la vie dans la bouillonnante ville espagnole... mais il n’a pas le temps d’en profiter. La guerre civile éclate avec violence et il décide de s’engager aux côtés de l’armée. Il est trop jeune pour les militaires mais un lieutenant décide de tester son courage. Lorenzo participe alors à des scènes de combats. Mais ses parents le réclament à grands cris et l’armée finit par le laisser partir. Le jeune Monteno en restera marqué à vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La tauromachie est un thème original dans le microcosme de la bande dessinée. Les espagnoles Diabolo Editions lui consacrent ce one shot (à ne pas confondre avec la série Matador parue chez Glénat). En se basant sur la patrie d’origine de la pratique, l’histoire retrace la vie d’un matador espagnol qui ressemble furieusement au célèbre Juan Belmonte García (le nom Monteno fait certainement référence à cette sommité de la tauromachie). En effet, Belmonte révolutionna la corrida en attendant souvent le taureau avant de faire ses passes, là où tous les autres reculaient. Le courage et le respect de la bête sont deux qualités essentielles du toréador et le personnage de l’album se répète souvent cette maxime. Sa biographie retrace les étapes de la vie d’un homme qui a tout sacrifié pour l’ivresse de l’arène. Divisé en chapitres avec, pour chacun, une présentation de l’époque historique, l’album est aussi une façon d’aborder le contexte de la guerre d’Espagne, puis de la dictature franquiste. Le récit est sobre et fonctionne avec beaucoup d’ellipses pour aller à l’essentiel, comme si l’on retenait le meilleur ou le pire d’une vie. Non linéaire, le récit présente souvent les rêves de gloire et de grandeur de Monteno qui s’exile en Amérique du Sud. On s’attendait donc à un peu de profondeur dans ce récit... mais le propos reste finalement assez léger et peu fouillé. Le contexte historique n’est qu’une toile de fond sans réelle importance, à part pour restituer l’ambiance difficile de l’Espagne à cette époque. Même si les auteurs veulent aborder les choses de façon très réaliste, le tout est singulièrement dépourvu d’émotion et de passion. Même les moments où Monteno se retrouve devant le taureau furieux manquent de saveur et de piment. Dommage que l’aventure soit abordée de façon plate et neutre, car les matadors sont des personnes d’un grand courage, quoique l’on puisse penser des corridas. Malgré tout, le dessin de Miguel Fernandez est agréable et très fluide. On reste frustré devant cette bonne idée mal exploitée.