L'histoire :
Là en bas : Une jeune femme en nuisette se délecte d’un plaisir sexuel voluptueux, tout en buvant de temps en temps un verre de vin. Se caresse-t-elle ou est-elle besognée par un homme ?
Moi aussi : Un jeune couple fait son marché et s’arrête au stand de la crémière. L’homme est subjugué par la crémière. Elle est jeune, habillée un peu sexy… Elle porte un chouette décolleté, un pantalon qui moule bien son petit cul, un string qui dépasse un peu en dessous… La femme qui accompagne l’homme le remarque, mais ne lui en tient pas rigueur, bien au contraire. En attendant d’être servi, elle fait monter son désir en lui murmurant des trucs sexy à l’oreille, tandis qu’il mate la crémière. Elle glisse même sa main dans son slip…
La terrasse d’en face : Sur la terrasse d’un immeuble, une jeune femme sexy étend sa lingerie fine, juste habillée d’un gros pull moulant et d’une petite culotte… Mmmmmh !
Deux rythmes : Un couple fait l’amour, chacun avec la bouche collée à l’oreille de l’autre. Tandis que l’homme revient sur ses hésitations, sur le passage à l’acte qu’ils sont en train de pratiquer, la femme fait monter le désir en exprimant ce qu’elle souhaite qu’il lui fasse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oui, il est possible d’être coquin, cochon, fripon, pornographe, sans être vulgaire. L’espagnol Nacho Casanova (quel patronyme pour pareil ouvrage !) le prouve à travers ce petit bouquin des éditions Diabolo, qui est plus proche du roman graphique intimiste que du récit frontalement porno. A travers 8 histoires courtes et monochromes, sa vision du sexe est sans doute la plus réaliste qui soit. Elle nait d’un coup d’œil sur un détail sexy révélé sur une inconnue, ou d’un désir soudain lorsque des yeux se posent sur la forme rebondie d’un sein ou d’un sexe… Or à la différence des usages sociaux, qui voudraient qu’on ne s’attarde pas d’une excitation chipée, le regard de Casanova ne lâche pas sa proie, s’en délecte et nous le transmet d’un trait tremblotant et néanmoins précis, à travers un découpage serré de gros plans explicites. Casanova suscite le désir avec une bouche dans une oreille, un doigt sur un clitoris, ou juste une dentelle crénelée posée sur une poitrine alléchante. Les mots se susurrent – ils sont parfois crus – mais ils importent peu : tout le boulot de l’érotisme est fait par l’empilement de ces macros plans choisis (parfois de petits cases en gaufrier). Souvent, on en perd même le fil des acteurs : sont-ils deux ou trois et qui parle ? Qu’importe, on ne retient au final que le désir admirablement suscité.
