L'histoire :
Une fête de Pâques comme les autres, en cet an de grâce 1494, durant le règne papal de Rorigo Borgia. Dans les salons du Vatican, le Pape a organisé un gigantesque bal masqué, au cours duquel tout le monde fornique avec tout le monde. Après avoir enfourché une courtisane sexy à se damner, Borgia ôte son masque et s'aperçoit qu'il s'agit de sa propre fille, Lucrèce. Lui est un (petit) peu gêné de la situation, mais elle, en redemande. Elle lui propose alors de compenser, à l'avenir, en prenant pour concubine une femme aussi belle qu'elle : sa cousine Julia Farnese. Il suffit juste de la sortir auparavantde son couvent... une formalité pour ce Pape corrupteur. Accompagnant lui-même ses troupes, il fait enfoncer la porte du couvent – un lieu saint interdit aux hommes – ordonnant à ses soldats d'empoigner une statue de la vierge utilisée comme bélier. Une fois dans la place, il libère la jeune femme de sa table de torture, coupe la main de la mère supérieure et offre à Julia de pouvoir fouetter ses tortionnaires. Le retour vers Rome, dans un carrosse transformé en lupanar, sera une succession de moments de débauche pure, décuplés par un filtre aphrodisiaque...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour repartir du bon pied et donner le juste ton, ce troisième opus redémarre par une séquence brut de pomme : une orgie collective géante, dans les somptueux décors du palais du Vatican, au cours duquel le Pape (masqué) baise sa propre fille (masquée). Bienvenue chez les Borgia... Pour relater la biographie du pape Alexandre VI, plus connu sous son vrai nom de Rodrigo Borgia, Alessandro Jodorowsky a donc choisi à dessein l'angle de l'outrance. Toutefois, Borgia a beau avoir la plus sulfureuse des réputations, la représentation qu'en fait Jodorowsky frise l'anticléricalisme. D'une part, sa vie de famille est présentée comme une succession de faits tous plus répugnants les uns que les autres : assassinats atroces, proxénétisme de masse, inceste éhonté, bravades hérétiques... un comble s'agissant d'un pape ! Mais cette vision excessive dépasse le cadre du simple point de vue, lorsque cette famille se complait dans des dialogues d'une grossièreté ultime. Et la provocation culmine lors de la scène d'inceste d'ouverture, de l'éborgnement d'un... borgne à l'aide d'un crucifix, du cunnilingus d'une prostituée décapitée. Ne serait-ce le somptueux dessin ultra-réaliste, d'une grande élégance, de Milo Manara, on pourrait presque croire à du Vuillemin ! Aux antipodes du roi des crados, les cases carrées géantes introduisant systématiquement chaque nouvelle séquence, sur 2/3 de planches, sont dignes des tableaux d'époque (l'orgie du début, l'ordination de César, le port de Marseille, la traversée des alpes, le siège de Naples). L'artiste italien, maître incontestable de l'érotisme (le Déclic, le parfum de l'invisible) prouve qu'il est toujours vert, à 64 piges. La série se conclura par un quatrième et dernier tome annoncé pour 2009.
