L'histoire :
Me vs you : Affalé dans son canapé, un couple regarde mollement la télé chaque soir de la semaine. Des jeux inter-villages, une scène de guerre… Le week-end, tout aussi blasés, ils se rendent aux courses de stock-car, des combats de boxe, des combats de chiens ou de robots…
120 days : C’est le casting du nouveau jeu de téléréalité, 120 days. Une interminable file de candidats se presse le long des studios de recrutement. Parmi eux, Kevin est plein d’espoir. Il donne tout ce qu’il a, livre une prestation exemplaire et gagne sa place dans le groupe ! Devant leurs télés, les aficionados assistent dès lors à un crescendo d’épreuves toutes plus cruelles les unes que les autres. On les mate nus sous la douche, on leur donne à bouffer des cafards, des hommes cagoulés pénètrent dans le studio et les torturent, les aligne à poil et à quatre pattes et les sodomise à la chaine, on les nourrit de leurs excréments… Finalement, seul le vainqueur ne sera pas atrocement éviscéré. L’édition suivante du jeu mobilisera néanmoins toujours autant de postulants…
Balls : Un haut dirigeant profite de ses heures nocturnes pour violer sa femme de ménage latinos, dans les locaux de son entreprise. Le lendemain, il harangue ses cadres supérieurs de démultiplier la compétitivité de la firme. Les cadres supérieurs reportent leur hargne sur les petits directeurs délocalisés… qui augmentent les cadences des ouvriers… latinos !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Earth, sweet earth… Il est certes vrai que les douces intentions de notre bonne société occidentale sont souvent truffées d’hypocrisie. De là à n’y voir qu’angoisse, malveillance et autoritarisme… cela relèverait-il d’une forme de misanthropie ? De cri d’alarme ? D’appel à la révolution ? L’éditeur nous présente Ivan Brun comme un artiste plastique à part, auteur de BD underground, également chanteur de hardcore (pour ceux qui ignore ce dont il s’agit, prenez La chance aux chansons et imaginez l’opposé). Assurément, son créneau à lui est celui de la revendication. Sa démarche relève-t-elle du propos anarchiste… ou de l’exercice de style ? Qu’importe l’intention, le résultat est là et stimule notre intellect, nous reflétant un portrait fort peu flatteur de la condition humaine à l’orée du XXIe siècle. Petites gens harcelées, tyrannisées, violentées, discriminées, dominées, humiliées, écrasées par un système radical et foncièrement injuste. Néanmoins, ce qui se présente comme un exercice singulier, finit par lasser, voire par écœurer à trop forte dose. Surtout, en choisissant de s’affranchir de tout texte, il devient nébuleux. Difficile, en effet, de comprendre de manière limpide et exhaustive, les trop nombreux dialogues constitués d’associations de symboles… énigmatiques. A noter, étant donné que l’auteur ne fait aucun scrupule à montrer les outrances et outrages en tous genres (sadisme, pornographie, scatophilie…), l’album est à réserver à un public averti. Et ce, quand bien même le dessin parait à priori gentillet, rondouillard, faussement naïf… Un croisement improbable entre Durandur, Arthur de Pins et Bernie Bonvoisin (Antisocial !)
