L'histoire :
Dieu est de droite. Il est dans la rectitude et la punition. Jésus, son fils, est de gauche. C’est une espèce de baba cool avant l’heure. Avant l’heure, c’est très avant, puisque la société est organisée sur l’inégalité pendant longtemps, très longtemps. Il faut attendre Thomas More et son Utopie pour voir des rêves d’une société égalitaire, plus ou moins ; et les Lumières, pour que cela ne soit plus considéré comme une idée farfelue. Le concept de droite et de gauche apparaît, lui, avec la révolution. Le 11 septembre 1789, on vote sur l’opportunité d’un véto royal. A droite du Président de l’Assemblée ceux qui sont pour, à gauche ceux qui sont contre. Et c’est parti pour 250 ans… L’organisation de la politique française va s’appuyer sur le placement des élus dans un hémicycle. A gauche les républicains, à droite les royalistes. A gauche les socialistes, à droite les républicains. A gauche les progressistes, à droite les conservateurs. A chaque époque sa définition de la gauche, fondée sur les débats politiques du moment. La gauche est plurielle, autant que la droite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Docteur en histoire, Jean-Yves Le Naour a livré ces dernières années quelques scénars passionnants, pour un biopic de de Gaulle notamment, ou sur Verdun. Le ton était romanesque, l’Histoire en mouvement. Ici, il choisit de livrer une histoire de la gauche sur un ton badin qui renvoie aux grandes BD politiques des années 90. On peut d’ailleurs voir le personnage de Jésus, récurrent, comme un petit clin d’œil de Marko à la souris (muette, elle) de Plantu. Enfin, c’est peut-être une vue de l’esprit. Toujours est-il que Marko adopte un trait caricatural très simple, rapide, souvent sans case, très dynamique et efficace. Le Naour en profite pour passer de nombreux messages. Le ton n’est jamais docte, il est souvent léger, mais les informations sont nombreuses. On y apprend beaucoup de choses, sur la Commune dont les 150 ans ont fait couler beaucoup d’encre au printemps, sur les difficultés du front populaire, etc. Les pensées politiques y sont dégrossies mais jamais caricaturées, à la différence de leurs contenants dont Marko s’amuse. Alors que le débat pour la Présidentielle de 2022 est lancé, la gauche a explosé depuis maintenant presque une décennie. Ce n’est pas la première fois qu’elle est morcelée, divisée, mais c’est bien la première fois qu’aucune de ses composantes n’est un opposant crédible du pouvoir. Le Naour éclaire les courants, les points d’achoppement, les priorités… qui font bien comprendre au lecteur qu’il y a forcément plusieurs gauches, et bien sûr, qu’elles ne sont pas irréconciliables comme l’annonçait pompeusement Manuel Valls il y a quelque temps. Le résultat est frais, agréable à lire et enrichissant. Et bientôt, les auteurs reviendront pour un A tribord toute qui s’annonce aussi jouissif. Ils l’ont promis à Dieu.
