L'histoire :
Audric est « formateur numérique ». Son travail consiste à accompagner le public dans la prise en main des outils informatiques, afin de réduire la « fracture » numérique (20% de la population serait en situation d’illétrisme numérique). Ce faisant, il se rend compte que les gens ne verrouillent vraiment pas suffisamment leurs divers comptes. A la fin de chaque séance, il pourrait ainsi récupérer des tas de données personnelles et, s’il était cupide et malveillant, les utiliser à son profit. Constatant cela, il entame quelques recherches au sujet de ces milliards de données qui transitent par le web et révèlent tout de nos vies privées. Cette envie est déclenchée après qu’Edward Snowden a lancé l’alerte au sujet de l’espionnage général de la population par les GAFAM. Son expérience personnelle lui a déjà prouvé que certaines de ses activités avaient été repérées par les géants du web. Par exemple, en recevant des publicités vraiment très personnalisées ou lorsque sa montre connectée l’a alerté lors de son footing d’une trajectoire déjà empruntée la semaine précédente. Alors Audric monte dans un aéronef du futur, en route pour une aventure galactique riche en révélations à travers l’univers des data numériques. Première destination : la planète du Pingouin, alias le système d’exploitation Linux, un système libre et open source…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le « Big Brother » de 1984 (de Georges Orwell) est bel et bien parmi nous, insidieusement et numériquement, à chacune de nos actions connectées. Et nous en faisons un sacré paquet chaque jour ! Nous avons-nous-mêmes accepté de confier nos données intimes à ce « Big Data », afin qu’il puisse mieux servir nos centres d’intérêts et… indirectement, nous enfermer dans la bulle de nos convictions, de nos auto-certitudes, du communautarisme et réduire le champ des possibles. Décidément, on en revient toujours au Mythe de la caverne de Platon… Très majoritairement, toutes les informations qu’on confie à longueur de temps à Facebook, Amazon, Google, Apple ou Microsoft (ceux qu’on appelle les GAFAM), servent aujourd’hui à des fins commerciales. La constitution américaine l’autorise bien plus que nos européennes… or toutes ces majors sont américaines. Mais imaginons qu’une puissance fasciste s’empare et se serve de ce réseau auto-nourri, cela pourrait faire des dégâts prodigieux sur l’humanité. Pour nous faire comprendre les différentes facettes de cette problématique, le narrateur et scénariste Audric Gueidan nous propose une aventure cosmique, de planète en planète, à la rencontre d’autres systèmes, d’ennemis puissants, de pirates insaisissables, ou de vrais héros avec des solutions… Et il prône la révolution venant des utilisateurs vers l’open source, c’est-à-dire l’utilisation de logiciels et d’environnements dont on peut accéder au code et vérifier qu’ils ne nous espionnent pas, ni ne stocke nos données à des fins commerciales / politiques. Car « Code is law » (le code fait loi). Halfbob met en scène cette aventure pédagogique (en vrai papier, sans traceurs !) à l’aide d’un trait tout simple et stylisé, qui permet toutes les extravagances galactiques en guise de métaphores pour illustrer la vie intérieure du monde numérique. Les gens bien informés n’apprendront certes pas grand-chose… et il n’est pas certain que l’argumentaire tout à fait bienveillant et convaincant ait raison de l’aspect pratique et grand-public de tous les outils numériques fournis par les GAFAM.