L'histoire :
Un matin, alors qu’il est enfant, Christopher est tiré des songes par sa maman qui l’encourage à se dépêcher à s’habiller pour aller à sa première journée d’école. Mais Christopher a l’esprit embrumé. Malgré de gros efforts de concentration et plusieurs tentatives infructueuses, il ne s’aperçoit pas qu’il enfile son t-shirt à l’envers. Pour les chaussures, c’est un peu le même délire : laquelle va à droite, laquelle va à gauche ? Plus tard, pour sa première matinée d’école, ça se passe une nouvelle fois assez mal. La maîtresse l’enguirlande parce qu’il change sans cesse de main pour écrire. Est-il droitier ou gaucher ? Christopher n’en sait rien et préfère répondre qu’il est comme son voisin. La première matinée se termine comme la sonnerie de midi l’indique. Christopher est soulagé. Mais son voisin lui rappelle que ça reprend l’après-midi. Cette notion échappe à Christopher, comme tous les repères temporels normés. Jusqu’à présent, ses parents le guidaient pour tout, mais il va lui falloir acquérir de l’autonomie sur ce sujet qui l’embrouille. De même, Christopher se trompe entre la porte du placard et la porte de la récré. Il sent bien que l’école, ça va être très dur pour lui qui ne comprend pas tout comme les autres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La dyslexie est un « petit » handicap, que les personnes qui en sont atteintes peuvent compenser au prix d’efforts de contournement désormais bien connus. Mais avant que ces stratégies se systémisent et ressemblent à un comportement social « normal », encore faut-il être bien diagnostiqué et pris en charge par des éducateurs et des instituts spécialisés. Et plus cela intervient tôt dans le développement d’un enfant, mieux cela se compense. Cette pathologie qui concerne 2% de la population, à des degrés variés, est celle de l’auteur de cette BD, Christopher Boyd. A l’âge de 6 ans, son traumatisant et inquiétant échec scolaire lui vaut une batterie d’examens et un diagnostic sévère : il souffre de dyslexie, de dyspraxie et de dysphasie. Un joli tiercé gagnant qui l’oblige à suivre un parcours scolaire spécifique. Car cela signifie qu’il a des troubles de l’apprentissage, qu’il a du mal à se concentrer et qu’il inverse les mots et les sons. Cette histoire est la sienne, un témoignage précieux qui permet de faire ressentir de l’intérieur ce que les « dys » endurent. Le dessin s’avère un outil évocateur formidable pour transmettre l’incroyable pédalage dans la semoule qu’ils doivent affronter pour faire les choses simples que font 98% des gens. Le trait est simple, enfantin, mais parfaitement régulier dans son style. Il recourt souvent à des séquences oniriques délirantes pour faire comprendre qu’un autre prisme, merveilleux et sans ces fichues contraintes de normes sociales, est plus accessible aux dys. En tout cas, à travers cet ouvrage parfaitement explicite, souvent très visuel, lisible par un très large public, l’auteur prouve que ses propres stratégies de « contournement » sont fonctionnelles et que les syndromes dys n'ont rien à voir avec le quotient intellectuel.