L'histoire :
Avril 1917. Dans les tranchées du chemin des Dames, Jean Gadoix, jeune soldat d’origine paysanne, écrit à ses parents pour leur décrire l’enfer de la Grande Guerre. Sa section se prépare à livrer une nouvelle charge meurtrière pour récupérer quelques mètres sur les lignes ennemis. Au même moment, au Sénégal, Ismanaïla, la sœur d’Ousmane, cherche à avoir des nouvelles de son frère engagé dans la coloniale pour soutenir les troupes françaises. Seule avec ses deux enfants, elle doit faire face aux assauts insistants de son ex-beau-frère qui considère qu’Ismanaïla lui revient de droit, après la mort de son mari. Quant à Hubertine, étudiante en médecine éprise de Jean, elle cherche à intégrer le soutien médical de l’armée pour se rapprocher du front, afin de retrouver l’homme de sa vie. Après une légère blessure à la tête, Jean repart dans les sinistres tranchés de Craonne. A portée des soldats allemands, il sera sauvé d’une mort assurée par Ousmane, le tirailleur sénégalais dont la section a été décimée. Un nouveau lieutenant, bardé de récompenses, vient prendre le commandement de leur section : il s’agit d’Auxence, une vieille connaissance pour Jean…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec le premier tome, on a vu grandir et évoluer alternativement Jean et Ousmane dans leur environnement respectif. Dans ce second volet, leurs trajectoires se rejoignent dans un contexte de première guerre mondiale, au milieu des champs de batailles. Le principe de l’alternance des histoires de chacun, de leur famille n’est plus équilibré, car c’est essentiellement le destin tragique de Jean Gadoix qui est traité dans ce second volume. On peut d’ailleurs regretter qu’Ousmane occupe désormais un second rôle. A travers cette histoire, c’est également le combat des femmes dans des périodes troubles que cherche à évoquer Lax : Hubertine, jeune femme émancipée, souhaite réhabiliter la mémoire de celui qu’elle a aimé ; Ismaïla, quant à elle, refuse les traditions tribales imposées aux femmes africaines. Le récit est fort, dense et montre que la guerre n’est pas qu’une histoire d’hommes. D’autres combats sont tout aussi difficiles à mener par les femmes. La disparition d’un des héros donne au récit une dimension encore plus tragique et profonde. Le dessin de Frédéric Blier est expressif, précis, d’une belle maîtrise, aussi bien pour les paysages chaleureux d’Afrique que pour l’univers boueux des tranchées. Les obsessionnels regretteront sûrement que la collection Aire Libre ait changé de maquette entre la parution de ces deux tomes, pour avoir des dos ronds uniformes dans leur bibliothèque…