L'histoire :
Alors que la petite Luce se balade dans la campagne avec ses amis, elle tombe sur un jeune type visiblement endormi dans sa voiture, au soleil, en uniforme de soldat. Excitée par cette découverte, elle imagine tout de suite que le jeune homme est l’ange des poilus, venu du front pour lui rapporter des nouvelles de son père. Mais le dormeur n’est que Ange Marie, un rescapé de la grande guerre, traumatisé par ses années passées dans les tranchées, sous les bombardements. Depuis, Ange Marie erre de village en village, incapable de se fixer quelque part. Il s’arrête chez Hyacinthe, l’oncle de Luce, qui finit au fil des jours par s’attacher à ce garçon taciturne. Mais celui-ci décide de partir à nouveau. Guidé par Luce, il découvre alors un château à l’abandon et rencontre Grégoire, le propriétaire des lieux, marqué par une tragédie. Il y a de nombreuses années, il a perdu sa femme dans un incendie. Depuis, il essaie de réaliser une sculpture parfaite de son épouse, en souvenir. Mais la vieillesse a fini par avoir raison de son habilité. Il décide alors d’enseigner à Ange Marie son art, pour qu’il réalise ce que lui-même est désormais incapable de créer. Les années passent, Luce grandit et sert de modèle à Ange Marie. La petite est devenue femme et s’éprend chaque jour davantage du jeune homme. Mais lui ne sait pas encore qu’il l’aime…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici le premier essai de BD en couleur directe d’Eric Stalner, auteur notamment du Roman de Malemort ou de la Croix de Cazenac. Le coup de crayon de cet incontournable artiste est remarquable par sa précision et la grande finesse de son trait. En renonçant à encrer ses crayonnés, il réalise graphiquement un album plus doux, plus léger et plus clair que tout ce qu’il a déjà dessiné. Certaines cases, notamment composés de décors ou de paysages que Stalner affectionne particulièrement, sont de véritables petits tableaux. Co-écrit avec Aude Ettori, le scénario est un peu moins enthousiasmant. Les deux auteurs multiplient les thèmes : la vieillesse, l’amitié, l’amour, la guerre, la mort, le souvenir… Du coup, à trop vouloir en faire, leur histoire se dilue et tous ces sujets ne sont finalement que frôlés. Ils réussissent tout de même à mettre en place une ambiance douce et paisible, comme la campagne qui sert de cadre à l’action. A ce titre, Ange Marie se lit d’une traite, au moins pour le plaisir des yeux.