L'histoire :
Clothilde est allongée sur son canapé, un oreiller sur le ventre. Elle est sortie de sa sieste par le bruit de la sonnette. Elle regarde l’heure, met ses chaussures, ouvre la porte, et sort pour ouvrir le portail. Une jeune fille entre, la serre dans ses bras et lui dit qu’elle lui a manqué. Clothilde est très contente de la voir aussi : c’est sa fille. Elles s’installent toutes les deux et se préparent pour aller à la rivière. Sa mère a hâte qu’elle lui raconte les vacances qu’elle a passées chez son père. Le temps que sa fille se change, Clothilde lance une machine. Elle tombe sur le doudou de son enfant, qui a bien morflé depuis, mais qui ressemble toujours vaguement à un lapin. Sa fille la rejoint et voit sa mère émue. Lorsqu’elle est née, le lapin était aussi grand qu’elle. Car Sidonie est une prématurée. Et Clothilde se souvient que la main du bébé était si petite qu’elle pouvait à peine tenir le bout de l’oreille du lapin en peluche. Cette allusion lui insuffle une vague de souvenirs. Car cette grossesse, les événements passés, ont laissé des séquelles physiques et psychiques. Les souvenirs de cette période sont un peu flous, épars, et elle décide de partir dans une introspection sur ce moment de vie. Tiraillée entre pulsions de vie et pulsions de mort, Clothilde se rappelle de cette grossesse très compliquée, qui a failli lui être fatale. Elle se remémore toutes les difficultés par lesquelles elle est passée, son cheminement médical, cette dépossession de son corps.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clothilde Delacroix a précédemment réalisé Love, etc ou Mère, fille & co. Avec ce nouvel ouvrage, elle livre une bande dessinée personnelle et intime, où elle se livre sur son parcours difficile lorsqu’elle a décidé d’avoir un enfant. On lui a toujours dit que la grossesse, le fait de devenir mère, serait un « pur bonheur ». Or, pour elle, cela a été un pur calvaire, qui aurait pu lui coûter la vie, mais qui aurait aussi pu être fatal à son enfant, grand prématuré. Bien des années après, alors que sa fille est adolescente, elle fait le choix de revenir en arrière, de se plonger dans ses souvenirs traumatiques liés à sa grossesse, pour s’en libérer, l’extérioriser, se réconcilier avec son corps. L’autrice raconte qu’au moment du mouvement #Metoo, lors de la libération de la parole des femmes, lire le parcours d’autres mères lui a fait beaucoup de bien. Alors elle se force, pour elle et pour les autres, à invoquer des souvenirs qu’elle a oubliés pour se protéger. D’où le titre, dans lequel elle emploie le terme « archéologie », car elle fouille au plus profond d’elle-même. L’album fait des allers retours entre le présent – la grande joie et l’amour qu’elle porte à sa fille – et le passé, toutes les étapes qu’elle a traversées. Elle use aussi de passages plus fantasmagoriques qui nous plongent au cœur de ses pensées. Sur le plan graphique, elle utilise un trait et des couleurs très douces, qui nous plongent dans sa bulle. Cet album cathartique lui permet de se libérer, dans un esprit de transmission. Il parlera sûrement à d’autres femmes. Clothilde Delacroix se débarrasse de sa culpabilité pour se concentre sur l’amour qu’elle porte à sa fille et sur les belles surprises que lui réservent l’avenir.
