L'histoire :
Dans la forêt verdoyante des Ardennes où vivent les proscrits, les lépreux et les fugitifs, une femme et son fils font route vers le château du marquis de Mauban. Après avoir reçu un dernier « je t’aime » de sa mère, Bellem se dirige seul vers les portes du château muni d’une lettre de la main de sa mère. Le jeune garçon est pris en charge par les femmes du château qui le lavent et lui donnent des vêtements propres. Une fois apprêté, le jeune homme se présente devant le marquis. La lettre en sa possession est univoque. Le marquis de Mauban est son père. La marquise est sous le choc. C’est une honte, la mère de cet enfant est cette sorcière gitane, la fée Mélusine, qui erre dans la forêt. Malgré tout, le marquis décide de garder le jeune homme et de l’éduquer dans la foi. Le jour de son baptême, Bellem ressent une brulure au contact de l’eau bénite. Le prêtre s’exclame que le jeune homme est possédé par le démon et jure de le remettre dans le droit chemin de Dieu. Les jours durant Belem est hermétique aux leçons de catéchisme mais sa relation avec Marie-Charlotte, sa demie sœur, devient fusionnelle. Les deux enfants passent leur temps ensemble. Un soir, les deux enfants décident de se rendre au grenier, pièce interdite où sont entreposés les livres de la famille. Passant sous la surveillance de leur mère, Bellem réussit à s’introduire dans le grenier et à prendre un livre concernant les œuvres magiques relatant les exploits du chevalier Renaud de Lusignan leurs ancêtres et sa rencontre avec la fée Mélusine sur une barque tirée par un Cygne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bellem est une œuvre poétique à part entière. Dans les premières pages de l’album, Jean-Claude Servais explique au lecteur comment lui est venue l’idée de ce récit. Sur la base des comptes et légendes des Ardennes, l’auteur s’inspire de la fée Mélusine, des quatre fils Aymon et du fameux cheval-fée légendaire Bayard pour offrir un récit poétique et fort autour du personnage de Bellem, le sorcier des Ardennes. A ne pas confondre, évidement, avec le fameux trois-mâts, le magicien rustique a pu bénéficier d’une biographie publiée en 1935 par le docteur Louis Thiry. Jean-Claude Servais tire son personnage de ce livre, Vie fantastique de Bellem, sorcier d’Ardenne. Il est à noter que l’auteur s’inspire des personnages plus ou moins légendaires pour livrer un récit sorti de son imaginaire. L’écrin de ce beau récit est le château de Reinhardstein en Wallonie et sa forêt verdoyante. Le scénario est tout en rondeur et en délicatesse, mêlant réel et fantastique. Sur le plan graphique, l’auteur réalise un travail détaillé dantesque avec des cases de forêt sublime et des façades en vieille pierre entièrement dessinées. Un travail de fourmi du plus bel effet. Que ce soit les paysages ou les personnages, l’ensemble est très détaillé, travaillé avec un joli jeu d’ombrages réalisés à coups de petits traits. Le dessin est réellement superbe. Une mention spéciale pour Raives qui se charge de la mise en couleur passant du vert luxuriant du printemps et de l’été au rouge automnale et de l’hiver désolant. Un album, une œuvre à part entière, liant parfaitement le récit poétique légendaire à un environnement graphique d’une très grande beauté. Un très bel album, à ne pas louper.